Le podcast qui parle de tout, sauf de bouffe,
par Raphaële Marchal
Pierre Gagnaire – Cuisinier inouï, grand nostalgique de l’existence et sublime joueur du verbe
« J’aime pas le mot romantique, c’est gnan-gnan, mais je suis nostalgique, et la nostalgie ça aide à vivre, c’est un matelas cotonneux qui apporte un peu de douceur… mais pas trop non plus, sinon on sombre ». Pour Pierre Gagnaire, respecter, c’est l’essence de tout : « respecter ça veut dire écouter, comprendre et faire attention aux gestes et aux paroles, ça évite l’autorité débile ». La vie lui a donné l’opportunité de vivre des situations qui l’ont poussé à prendre des décisions douloureuses et radicales, et l’ont défait d’attitudes et de raisonnements qui l’empêchaient de comprendre qui il pouvait être : « on ne sait jamais qui on est, gamin, on est manipulé par l’école, ses parents, la religion… s’approprier sa vie c’est un apprentissage qui va jusqu’à la mort ». Il a horreur de l’incivisme, et aussi des petits flacons sous la douche dans les hôtels : « c’est écrit trop petit, et bordel de Dieu sans lunettes je sais jamais qui est le shampoing et qui est le gel douche !! ». Pour Pierre Gagnaire, tout le monde aime qu’on l’aime : « l’animal que nous sommes a besoin d’amour, d’affection et de reconnaissance, ce serait mentir de dire le contraire ». En allant chercher son petit-fils à l’école, il s’est retrouvé plongé dans un sentiment d’extrême abandon « ça sentait la craie, et tout ce que j’ai senti enfant… voir ces mômes rire et se rentrer dedans c’est à pleurer ». Son meilleur échec, c’est sa faillite à St-Etienne : « ça m’a cloué sur place et à la fois c’était la chance de ma vie ». Pour lui, on dit tous des conneries, « moi j’en ai dit et j’en dis, mais c’est ça aussi la vie ! ». Il ne craint pas la mort mais la déchéance physique et la souffrance, « si Dieu existait il n’y aurait pas ça ». Le gueuleton idéal ? « Il n’existe pas, moi j’adore manger une patate avec du pain, tout dépend de l’état des lieux et de nous-même, je garde un souvenir magnifique d’un rösti sur l’autoroute en Suisse, ça ne s’explique pas ».
« S’approprier sa vie, c’est un apprentissage qui va jusqu’à la mort ».