Eat’s Business #33 | La France pays d’agriculture durable, Café in vitro et l’Amazon du quinoa bowl

09/11/2021

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Eat’s business #33

Dans ce nouvel épisode de Eat’s Business, la revue de presse du Business de la Bouffe, Olivier Frey et Daniel Coutinho reviennent sur les actualités food de la semaine. Aujourd’hui on parle de l’ambition de faire de la France le premier pays agricole durable, de l’entreprise Bel sur les réseaux sociaux et du mystérieux appel de la Chine pour stocker de la nourriture à la maison.

Nous évoquons aussi le café in-vitro, la dure réalité des producteurs de cacao et l’Amazon des bols de quinoa.

Ouest France, Pour l’Institut Montaigne, il est urgent de « faire de la France le premier pays agricole durable », 28/10/2021 + Les Échos, Ces grands chantiers qui attendent l’agriculture, 28/10/2021

Dans un rapport publié la semaine dernière intitulé « En campagne pour l’agriculture de demain » l’Institut Montaigne met en avant six chantiers prioritaires pour faire de la France la première puissance agricole durable.

Le rapport fait le constat que, si la France reste la première puissance agricole européenne elle a perdu un tiers de ses parts de marché en Europe en moins de vingt ans. Par ailleurs, en 2019, l’Hexagone est même devenu importateur net de produits agroalimentaires par rapport à ses concurrents européens​. D’ailleurs, si on enlevait les vins et spiritueux, la France serait importatrice nette de produits agroalimentaires. De même, si on enlevait les céréales elle le serait encore davantage pour les produits agricoles. Au global, environ 20 % de notre alimentation est désormais importée.

De plus, les agriculteurs français sont beaucoup plus dépendants des aides PAC que leurs voisins. Ainsi, 88 % du revenu des agriculteurs repose sur des aides directes de la Politique agricole commune (Pac), contre 63 % en moyenne dans les autres pays européens. 

Comme l’explique Hervé Gaymard, ancien ministre de l’agriculture et

Capital, “La Vache qui rit, Boursin….l’impact des réseaux sociaux sur nos ventes est devenu spectaculaire”, 28/10/2021

Une interview d’Antoine Fiévet, le président de Bel, qui parle de tous les changements récents dans la stratégie de son groupe.

On apprend ainsi que la France continue de peser environ 20% du chiffre d’affaires du groupe. Antoine Fiévet rappelle toutefois que Bel s’est internationalisé dès 1929, grâce à son concept de portion facile à conserver en milieu ambiant. Le groupe produit ainsi 12 Apéricube et 150 Vache qui rit à la seconde.

Par ailleurs, alors que Bel est souvent présenter comme un groupe fromager, Antoine Fiévet précise que “faire du fromage fondu, c’est être des mélangeurs” et que par conséquent “le cœur de notre savoir-faire, c’est la portion”.

Sur l’évolution du portefeuille d’activités du groupe, il confirme les informations communiquées il y a quelques mois, à savoir que le groupe vise à terme “un équilibre à 50-50 entre le laitier et le végétal-fruit”. Actuellement le groupe est à 85% lait et à 15% végétal. Antoine Fiévet précise toutefois que Bel “ne renie absolument pas l’activité laitière, car ce sont des produits aux multiples bienfaits” mais que le groupe végétales ses recettes, comme c’est le cas avec cette version hybride Vache Qui Rit/pois chiche qui est sortie aux Etats-Unis. Par ailleurs, il revient sur la nouvelle recette de La Vache Qui Rit. Désormais, elle ne contient plus que quatre ingrédients (lait, fromage, beurre et minéraux du lait) car le groupe a notamment retiré le sel de fonte.

Enfin, il parle de l’influence grandissante des réseaux sociaux sur les ventes de certains produits du groupe. Il raconte ainsi qu’aux Etats-Unis suite à la publication d’une recette de pâtes au Boursin sur TikTok, le groupe a enregistré une hausse de 60% des ventes de Boursin chez Walmart. Autre anecdote : en Chine un influenceur peut vendre jusqu’à 15 tonnes de Pik&Croq’ en faisant une seule vidéo.

Midi Libre, Le mystérieux appel à faire des réserves de nourriture du gouvernement chinois à ses habitants, 02/11/2021

Ce lundi 1er novembre, le site du ministère du commerce chinois a publié un communiqué appelant “les ménages à stocker une certaine quantité de produits de première nécessité afin de faire face aux besoins quotidiens et aux cas d’urgence”.

De plus, selon l’AFP, le ministère demande également aux autorités locales de faciliter la production et l’approvisionnement ainsi que de surveiller les réserves de viandes, de légumes et d’assurer une stabilité des prix.

Ce qui intrigue les experts c’est que le ministère n’a donné aucune explication. Certains voient cela comme une réponse au rebond épidémique de Covid-19 observé dans certaines zones ainsi que l’approche des jeux olympiques d’hiver de Pékin prévus au mois de février. D’autres y voient même un lien avec la montée des tensions avec Taiwan

Phys.org, Finnish scientists create ‘sustainable’ lab-grown coffee, 27/10/2021

Nous vous parlions il y a quelques mois d’une startup qui produit un café à partir d’ingrédients recyclés, comme les enveloppes de graines de tournesol et les graines de pastèque. Et bien figurez-vous qu’une équipe de scientifiques finlandais affirme avoir réussi à faire du café in-vitro. Pour ce faire, les chercheurs se sont basés sur les mêmes principes d’agriculture cellulaire que ceux utilisés pour produire de la viande cultivée en laboratoire.

Le café n’est en fait pas moulu à partir de grains, mais cultivé à partir d’un groupe de cellules de caféiers dans des conditions de température, de lumière et d’oxygène étroitement contrôlées dans un bioréacteur. Une fois torréfiée, la poudre peut être infusée exactement de la même manière que le café classique.

Les chercheurs estiment ainsi que leur café éviterait bon nombre des écueils environnementaux liés à la production de masse de l’une des boissons préférées du monde.

Et qu’en est-il de son goût me direz vous. Et bien l’un des chercheurs affirme que “par rapport au café ordinaire, le café cellulaire est moins amer”.

CNBC, ‘It’s difficult to feed our families’: Volatile cocoa prices are pushing West African farmers further into poverty, 02/11/2021

C’est un sujet que nous avons déjà évoqué à plusieurs reprises. Néanmoins, comme les choses ne semblent pas avoir vraiment bougées, il est bien de revenir dessus.

Alors qu’on estime que 70% du cacao mondial provient d’Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire représente un peu plus d’un tiers de l’offre mondiale. Toutefois, les agriculteurs ivoiriens pourraient être payés jusqu’à 21 % de moins cette année pour leur récolte de cacao de 2021/22 par rapport à l’année dernière. L’article rappelle ainsi qu’en octobre 2020, les producteurs de cacao ivoiriens ont été payés 1 000 francs CFA ouest-africains par kilo de cacao mais désormais le prix minimum garanti au producteur pour un kilo de cacao est de 825 francs CFA ouest-africains ( soit l’équivalent de 1,45 dollar). Or, comme le précise l’article, dans le même temps les contrats à terme sur le cacao ont augmenté d’environ 10 % entre fin octobre 2020 et fin octobre 2021.

Par conséquent, cette baisse des prix devrait, selon l’article, plonger les agriculteurs dans la pauvreté, voire même de la déforestation car les agriculteurs chercheraient à augmenter leurs surfaces afin de contrebalancer cette baisse de prix.

Les grands chocolatiers (Nestlé, Mondelez, Ferrero, Lindt & Sprungli, Hershey) sont plutôt silencieux sur ce sujet. Paul Schoenmakers, responsable de l’impact chez le chocolatier néerlandais Tony’s Chocolonely les accuse d’ailleurs de “fermer les yeux” sur le sort des producteurs de cacao africains “d’une manière assez terrible”. Tony’s Chocolonely paie par exemple une prime en plus du prix à la production lorsqu’il achète son cacao. Il a récemment annoncé son intention d’augmenter cette prime en la faisant passer de 462 dollars par tonne à 793 dollars par tonne métrique pour la saison 2021/22.

New York Times, The Amazon Of Quinoa Bowls, 24/10/2021

Un article qui s’intéresse à une chaîne de fast-good américaine qui se nomme Everytable. L’entreprise a été lancée en Californie et prévoit d’y doubler le nombre d’établissements (de 10 à 20) cette année, puis de le doubler à nouveau en 2022. Surtout, Everytable compte s’installer à New York en 2022 où le fondateur Sam Polk nourrit de grandes ambitions avec l’ouverture de 100 établissements en 3 ans (à titre de comparaison Chipotle en compte 94 actuellement).

Parmi les spécificités de l’enseigne : une tarification variable selon les zones d’implantation. Ainsi, l’article explique qu’à Los Angeles le “poulet tinga” est le même dans les deux établissements mais “à University Park, il coûte 5,10 $” alors que “à Monterey Park, à 15 minutes de route, il est à 8,35 $”. University Park est en effet un quartier d’étudiants et de familles de la classe ouvrière. Cette tarification variable fait selon l’article “partie de l’approche Robin des Bois d’Everytable, qui vise à rendre les aliments frais et sains accessibles à tous”. Car aux Etats-Unis le problème est très résumé : “les ingrédients frais sont plus chers que les ingrédients hautement transformés, ce qui se traduit par une offre de bols de céréales pléthorique pour ceux qui peuvent dépenser 10 dollars ou plus par repas, et par une restauration rapide pleine de sel, de graisse et de sucre pour tous les autres”.

Ce qui est intéressant chez Everytable c’est indéniablement l’approche qui a été prise pour proposer des produits sains à des prix abordables. On apprend ainsi que l’entreprise a énormément travailler sur l’efficacité de sa chaîne d’approvisionnement. Ainsi, Everytable a en quelque sorte imité le fonctionnement des grandes chaînes de fast-food avec des grandes cuisines centralisées, sa propre flotte de camions réfrigérés pour livrer les aliments à ses établissements et aux clients à domicile et un réseau croissant de clients abonnés et de réfrigérateurs intelligents. Par ailleurs, chaque établissement a une surface assez restreinte (entre 46 à 65m2), ce qui est “juste assez grand pour abriter un frigo vitrine, un four à micro-ondes et deux employés pour garnir les étagères et travailler à la caisse”.

Comme le résume le fondateur, “la question est de savoir comment produire des repas faits maison au même prix que la restauration rapide. Nous pensons qu’il s’agit de construire le même type d’infrastructure que les fast-foods, avec les mêmes économies, pour les aliments frais”. Il n’hésite pas non plus à prendre Amazon en exemple. Pour lui, ce qui fait la force d’Amazon est “son efficacité opérationnelle et logistique” et “son échelle”. Il résume sa vision d’Everytable de la manière suivante : “honnêtement, je pense qu’Everytable est dans une position similaire pour l’alimentation à celle qu’avait Amazon en 1997”. Comme l’affirme un expert du secteur, “le succès ici réside dans l’intégration de la chaîne” et le modèle d’Everytable lui permet de “peupler les zones mal desservies comme les zones plus riches”.

Et au niveau financier tout semble bien aller pour Everytable. En 2020, malgré la crise sanitaire et la fermeture temporaire de cinq de ses dix magasins de Los Angeles restaurants, Everytable a vendu 5,3 millions de repas et a vu son chiffre d’affaires passer de 6 millions de dollars en 2019 à 36 millions de dollars en 2020. Par ailleurs les marges d’Everytable se portent bien car le coût moyen de production et d’emballage d’un repas est d’environ 3,25 dollars.


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