Eat’s Business #27
Dans ce nouvel épisode de Eat’s Business, la revue de presse du Business de la Bouffe, Olivier Frey et Daniel Coutinho reviennent sur les actualités food de la semaine. Aujourd’hui, c’est essentiellement autour des produits laitiers que s’axe l’actualité. Lactalis et sa stratégie pour nous tromper sur l’origine du lait, le lait bio ne trouve pas assez des débouchés et l’Alsace s’essaie à la Mozzarella.
Dans cet épisode est aussi évoqué la grande distribution qui passe à l’abonnement, ainsi que l’enseigne Marks & Spencer qui risque de quitter la France une nouvelle fois et les Donuts aux Etats-Unis qui font face à la concurrence de Biocarburants !
La stratégie marketing de Lactalis
France TV, Camembert, roquefort, beurre… Comment Lactalis brouille les étiquettes de ses produits laitiers, 09/09/2021
Cet article met en avant les subterfuges utilisés par le leader mondial des produits laitiers pour cacher l’origine du lait dans ses produits.
Exemple avec une plaquette de beurre Président “gastronomique”. Ainsi, sur l’emballage, un petit drapeau bleu, blanc, rouge a été imprimé au-dessus de la mention “entreprise familiale française”. Pourtant, lorsque l’on retourne la plaquette, il est mentionné “crème origine UE”.
Autre exemple mentionné par Ghislain de Viron, 1er vice-président de la FNPL : “Si on prend une mozzarella Galbani, elle peut être faite avec du lait d’Europe de l’Est, puis reconditionnée en Italie avec un beau drapeau italien. Tout le monde croit que c’est un fromage italien… alors que c’est un fromage d’Europe de l’Est !”
Il faut dire que c’est un combat que mène Lactalis depuis plusieurs années contre l’étiquetage de l’origine du lait, comme nous en avions parlé ici. Et le groupe défend sa position via la voix de son directeur général de la communication du groupe qui affirme que “Notre démarche, c’est de protéger le marché des producteurs laitiers français. (…) cette réglementation avait déséquilibré le marché d’import-export du lait” aux dépens de la production française.
Un surplus de lait bio
Le Monde, Une production trop importante de lait bio fragilise la filière, 11/09/2021 + Les Echos, Lait bio : le pari risqué du haut de gamme, 07/09/2021
La filière du lait bio est confrontée à un problème de débouché.
En effet, d’un côté le nombre d’exploitation laitière bio augmente d’année en année et la production suit évidemment le mouvement. Ainsi, la production de lait bio a augmenté de 11% au premier semestre 2021 selon Benoît Rouyer, directeur de la prospective économique du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (CNIEL). D’ailleurs, comme l’explique Emmanuel Vasseneix, le PDG de LSDH, “la filière bio se construit par paliers. Avec des vagues de conversion d’agriculteurs successives. En parallèle, la consommation de produits bio progressait à un rythme de 15 % à 20 % par an”.
Or, comme le précise l’article des Echos, la consommation de produits laitiers bio est, de son côté, en baisse au premier semestre 2021 : les ventes de fromages bio sont en recul de plus de 4 % sur un an, celles des crèmes bio de 9,6 % et celles du lait bio de 8,6 %.
Résultat, il y a désormais un trop plein d’offre de lait bio par rapport à la demande. Par conséquent, afin d’écouler ce trop plein, le surplus de lait bio a été déclassé et parfois vendu comme un lait conventionnel sans OGM et a donc été payé moins cher aux producteurs. Ainsi, comme l’explique Les Echos, les deux grands acteurs du secteur ont annoncé des baisses de prix d’achat du lait bio ainsi qu’un arrêt de l’accompagnement aux conversions des exploitations au bio, attendant de voir s’il s’agit d’un problème conjoncturel ou s’il s’agit d’un phénomène structurel. Lactalis a annoncé une baisse de 5 à 6 euros par tonne de lait bio du prix payé aux producteurs et la coopérative Sodiaal un déclassement de 10 % des volumes de lait bio livrés par ses adhérents à partir d’août pour une durée d’un an, avec à la clé une baisse de 12 euros par tonne en moyenne.
L’article des Echos conclut sur une note négative, affirmant que “le haut de gamme pourrait n’être qu’un mirage, avec un prix qui séduit les producteurs mais détourne une partie des consommateurs”.
La mozzarella alsacienne
France Bleu, La mozzarella, ce nouveau fromage alsacien, 07/09/2021
Et oui vous avez bien lu, on fabrique de la (bonne) mozzarella de bufflonne en Alsace. Il faut tout d’abord préciser que l’appellation “mozzarella” n’est pas protégée, à une exception près, la “mozzarella du Bufala Campana”.
Par ailleurs, j’ai souvent entendu dire qu’il valait mieux manger une mozzarella de bufflonne produite localement et achetée le jour même qu’une mozzarella importée d’Italie qui a passé plusieurs jours dans les transports et dans les rayons.
Pour ceux qui veulent la tester, elle est produite par Le Domaine des Bufflonnes.
Carrefour et Monoprix se lancent dans l’abonnement
Les Echos, Carrefour et Monoprix misent sur l’abonnement pour garder leurs clients, 10/09/2021
Alors que la grande distribution a profité à plein de la crise sanitaire, l’heure est désormais à la fidélisation des clients. Pour ce faire, de nouvelles offres commencent à voir le jour.
Ainsi, Monoprix a lancé fin août Monopflix qui, en échange du paiement d’un abonnement de 9,90 euros par mois, propose 10 % de réduction sur les courses alimentaires ou au rayon hygiène, que ce soit en magasin ou en ligne. De son côté, Carrefour teste à Rouen le service Carrefour + qui, contre un abonnement de 5,99 euros par mois (4,83 euros pour les détenteurs de la carte de fidélité Pass) offre 15 % de réduction sur les produits MDD de l’enseigne. L’article rappelle par ailleurs que Casino avait lancé une offre similaire, du nom de Casino Max, il y a environ un an, qui offre une réduction de 10 % contre un abonnement de 10 euros par mois. Comme l’explique l’article, ces initiatives “renversent l’esprit des actuels programmes de fidélité de la distribution centrés sur le cagnottage.”
Evidemment, ce que recherchent les enseignes avec ce type d’abonnement à la Amazon Prime, c’est de fidéliser la clientèle et éviter qu’elle aille faire ses courses chez les concurrents. Mais l’article note également que ces abonnements permettent “d’encaisser des revenus fixes qui sont autant de marges”.
Fermeture de plusieurs Marks and Spencer en France
Financial Times, M&S reviews future of French stores amid Brexit delivery delays, 12/09/2021
L’article nous apprend que Marks and Spencer est en train d’examiner l’avenir de ses 20 magasins M&S Food français après que des retards aux frontières causés par les dispositions douanières post-Brexit aient affecté les livraisons de produits frais et réfrigérés fabriqués au Royaume-Uni.
Cette décision fait suite à des rapports faisant état de rayons alimentaires vides dans les magasins français après la transition du Royaume-Uni vers les accords commerciaux post-Brexit en janvier. Les aliments et les boissons qui traversent le Royaume-Uni vers l’UE sont en effet désormais soumis à des exigences administratives complexes, notamment des certificats sanitaires d’exportation certifiés par des vétérinaires pour les produits animaux et des informations sur l’origine des ingrédients des aliments combinés.
Marks and Spencer pourrait être contraint de fermer certains de ses magasins en France, qui sont exploités par les partenaires franchisés Lagardère et SFH Invest, ou alors de cesser d’y vendre des sandwiches et des aliments réfrigérés.
Donuts vs Pétrole
Le Figaro, Aux États-Unis, les raffineries de biocarburant inquiètent les marchands de donuts, 14/09/2021
C’est un combat typiquement américain : les fabricants de donuts sont en guerre contre les industriels du pétrole.
La raison ? Les groupes pétroliers comme ExxonMobil développent de plus en plus leurs offres de biocarburants. Or ces derniers sont, pour beaucoup, fabriqués à base d’huiles comestibles extraites de plantes ou de graisses animales. Evidemment ils font cela car, comme le précise l’article, il y a des incitations financières du gouvernement américain à travers le Biorefinery Assistance Program.
Conséquence de cette ruée des industriels du pétrole sur les biocarburants : l’USDA, le département américain de l’Agriculture, prévoit que le prix de l’huile de soja sera en moyenne de 65 cents la livre cette année, soit plus du double du prix d’il y a deux ans. Ce qui est évidemment une mauvaise nouvelle pour des acteurs comme Krispy Kreme ou Dunkin’ Donuts.
D’aucuns argueront que les donuts ce n’est pas ce qu’il y a de plus healthy…