Eat’s Business #41
Dans ce nouvel épisode de Eat’s Business, la revue de presse du Business de la Bouffe, Olivier Frey et Daniel Coutinho reviennent sur les actualités food de la semaine. Aujourd’hui on parle de Carrefour et Brut qui lancent une plateforme de live shopping, de la bataille entre la grande distribution et les industriels qui ne sont pas d’accord sur les prix et de distributeurs automatiques qui remplacent les commerces.
On parle également de grands vins bordelais qui passent au bio, d’un vigneron qui propose ses vins en abonnement et pour nos auditeurs qui arrivent à la fin de l’épisode, un article spécial sur la génération McDo en France.
les Échos, Carrefour crée une plateforme de « live shopping » avec Brut, 01/02/2022
Carrefour a annoncé la création de « Brut Shop », une coentreprise avec le média en ligne Brut, qui détiendra 60 % du capital. L’objectif de cette co-entreprise est de lancer une plateforme de “live shopping”, une sorte de télé-achat qui montre des influenceurs vanter les mérites d’un produit en direct et qui est notamment très populaire en Chine. Guillaume Lacroix, le directeur général de Brut, précise d’ailleurs que “l’objectif est de créer 1 000 live shoppings en 2022”.
D’après l’article, Brut Shop s’adressera “aux petites comme aux grandes marques, avec une gamme de prix non dévoilée mais annoncée comme étalée”. Elles devront par ailleurs, “dans la mesure du possible” respecter les valeurs de Brut, qui est le premier média certifié B Corp.
Le “live shopping” est selon l’article un moyen pour les chaînes de supermarchés de contrer les Facebook, Instagram et autres Snapchat, qui ont tous ajouté un bouton “achat” à la liste de leurs fonctionnalités. Le “live shopping” offre également l’opportunité de toucher “une clientèle jeune habituée à ces réseaux sociaux”. Les 18-34 ans sont d’ailleurs décrits comme “une population de consommateurs engagés ou même activistes”.
Le Monde, Agroalimentaire : les industriels demandent des hausses de 6 % à 7 % à la distribution, 28/01/2022
Alors que nous sommes toujours en période de négociations commerciales le ministre de l’agriculture Julien Denormandie a admis que “les discussions sont musclées”. Il parle pour certains de “situations de blocage” et confirme que le nombre de contrats signés, à date, est inférieur à celui de 2021.
L’article explique que vue la complexité de la nouvelle loi EGalim2, et sa promulgation tardive en octobre 2021, de nombreux industriels ont préféré signer avant le 31 décembre pour rester sous la version précédente de la loi.
Richard Panquiault, directeur général de l’Ilec explique que “à date, on n’a jamais eu aussi peu d’accords signés, tellement les positions sont éloignées”. Il détaille ainsi que “les besoins d’augmentation tarifaire des industriels sont entre 6 % et 7 %” et que cela aurait pu être entre 2 et 5 points de plus, si les industriels avaient répercuté tous leurs coûts.
A la FEEF on s’inquiète du fait que “les distributeurs refusent d’appliquer les demandes de hausse de tarif des PME, d’environ 6 % à 8 %. La pression à la baisse est forte sur les produits alimentaires et non alimentaires”.
Le Figaro, Pains, pizzas, fromage… Les distributeurs automatiques sont-ils l’avenir des territoires ruraux ?, 27/01/2022
Dans certains territoires ruraux, les distributeurs automatiques ont remplacé les commerce de première nécessité qui ont fermé les uns après les autres, que ce soit des boulangeries, des boucheries ou encore des restaurants.
Dans ces zones, les distributeurs automatiques sont d’abord proposer comme un service complémentaire aux clients. Ils permettent d’acheter du pain, une pièce de viande ou encore des plats préparés à toute heure de la journée. C’est le cas par exemple de ce boulanger installé dans la Creuse, qui possède 7 distributeurs automatiques de pain dans plusieurs villages alentours en plus de sa boulangerie. Comme il l’explique, “le pain est exactement le même qu’en boutique, cela nous fait un chiffre d’affaires supplémentaire avec seulement une personne à payer, celle qui remplit les machine”.
L’offre s’est étoffée depuis quelques années grâce notamment à l’arrivée des casiers réfrigérés dans lesquels peuvent être stockés tous types d’aliments. Le Casier Français propose en outre des services tels que des alertes SMS envoyées au fournisseur en cas de pénurie.
Néanmoins, comme l’article le résume bien, cela a parfois “des effets contre-productifs”. En effet, les distributeurs finissent par devenir plus rentable qu’un commerce physique, ce qui incite parfois les commerçants à fermer leur commerce physique pour investir dans plus de distributeurs. C’est ce qu’explique ce boulanger qui “gagne en moyenne 80 euros par distributeur par jour en moyenne” et compte “en louer 10 de plus et fermer ma boulangerie d’ici un mois”.
Les Échos, Bordeaux : la discrète conversion des grands crus de 1855 vers le bio, 27/01/2022 + Les Échos, «Les vins bio ne sont pas scientifiquement meilleurs», 27/01/2022
Le bio a la cote dans le vignoble bordelais. En effet, après Yquem, Gruaud Larose et Pédesclaux Château Saint Pierre en 2019, Cos d’Estournel, Duhart-Milon, Rieussec, Rauzan Segla et surtout Lafite-Rothschild premier grand crus classé de Pauillac sont à leur tour entrés en conversion bio en 2020. Ainsi, sur les 88 grands crus de Bordeaux classés en 1855, on recense désormais 22 propriétés labellisées et ou en conversion.
L’article explique que le tournant a eu lieu en 2018, lorsque Château Latour premier grand cru classé a été labellisé. Auparavant, “les vins issus du bio sont longtemps apparus suspects : moins bons et moins aptes au vieillissement”. Dorénavant, 20 % des vignes du Bordelais sont labellisées ou en conversion.
Autre phénomène intéressant pointé par l’article : “les propriétés n’utilisent pas systématiquement le logo sur les bouteilles et communiquent peu sur le sujet”. Un acheteur explique que “le consommateur des grands crus classés achète d’abord des marques et le bio n’a que peu d’impact”.
Néanmoins, le bio est poussé par une “nouvelle génération de vignerons plus sensibles au sujet arrive aux manettes et réalise qu’avant même le consommateur, il faut répondre aux pressions de la société” mais également par le fait que “le marché du nord de l’Europe commence à valoriser le label”. Mais passer au bio implique des contraintes parfois complexes pour le climat bordelais : la bio interdit l’utilisation des produits chimiques et de synthèse pour n’autoriser que le cuivre et le soufre ce qui, avec le climat océanique de la région et un vignoble souvent attaqué par le mildiou entraîne des pertes de récolte qui peuvent être importantes.
Dans le second article, le doyen de la faculté d’oenologie de Bordeaux précisent que les vins bio ne sont pas d’une qualité supérieure aux autres vins mais que, avec l’interdiction des produits de synthèse, ils ont intrinsèquement une meilleure qualité environnementale. Par contre, il reste à régler le problème de “l’usage massif du cuivre”, seul traitement autorisé en viticulture bio mais qui “reste dangereux pour la microflore, la microfaune et les sols qui s’appauvrissent et s’intoxiquent”.
The Drink Business, Wine company offers mindblowing ‘lifelong subscription’ for just US$6,000, 22/12/2021
Un article déniché par Yann Kerveno. A l’heure où les offres d’abonnement se multiplie, en voici une pour le moins originale.
L’entreprise californienne Obvious Wines a en effet lancé une offre dans le cadre de laquelle les clients peuvent souscrire à un “abonnement de vin à vie” pour un montant de 6000 $. L’abonnement en question permet de commander quatre bouteilles de vin par mois sur le site internet d’obvions Wines, tous les mois, jusqu’à la fin de sa vie.
The Drink Business a fait les calculs. Rachat que l’espérance de vie des américains en 2021 est de 79 ans, si une personne en âge légal de boire (21 ans) souscrivait à l’offre Obvious Wine, elle profiterait de 2 784 bouteilles de vin tout au long de son adhésion. Cela représente un coût de 46 cents par bouteille de vin. Une bouteille de vin achetée à l’unité sur le site Web de la société commence à 18 dollars américains.
Fondation Jean Jaurès, Génération McDo, 27/01/2022
La France ne comptait que 34 McDo en 1986. En 2021, il y en avait 1 607. Par ailleurs, la France est le second marché au monde pour McDo après les États-Unis.
Dans cette note, Jérôme Fourquet analyse les rapports qu’entretiennent les 18-35 ans avec l’enseigne.
On y apprend par exemple que le premier McDo est apparu dans l’Hexagone en 1979 à Strasbourg. Le déploiement de l’enseigne s’est fait par la suite fait de manière très progressive pendant les années 80. Ainsi, l’enseigne ne comptait que 103 établissements en 1990. Le développement s’est vraiment accéléré dans les années 90, avec 606 nouveaux restaurants qui sont sortis de terre.
Jérôme Fourquet explique par ailleurs que “McDonald’s ne constitue pas uniquement un élément désormais banal et générique de nos paysages urbains, périurbains ou ruraux, il fait également pleinement partie de la vie de nos concitoyens qui ont grandi dans ce que nous avons appelé avec Jean-Laurent Cassely la « France d’après »”. Chez les 18-35 ans, “McDonald’s fait donc partie de la vie de quasiment toute cette génération, qui compte 86% de clients de l’enseigne et dont la moitié (51%) peut même être qualifiée de consommateurs réguliers”. A tel point que “peu d’entreprises peuvent se targuer d’un tel taux de pénétration dans une classe d’âge”.