Eat’s Business #13 | Les propositions de Serge Papin pour protéger les agriculteurs, une tablette de chocolat 100% cacao et le boom des Bag in Box et du rosé

06/04/2021

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Eat’s Business #13

Dans ce nouvel épisode de Eat’s Business, la revue de presse du Business de la Bouffe, Olivier Frey et Daniel Coutinho reviennent sur les propositions de Serge Papin pour protéger les agriculteurs, la nouvelle tablette de chocolat Nestlé sucrée avec de la pulpe de cacao et le boom des vins rosés et en cubi.

Dans cet épisode, sont aussi évoqués la réponse du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie à Serge Papin, la filière cassis comme modèle pour le monde agricole, l’hard-discounter américain Trader Joe’s et l’envolée du Q-commerce associé aux dark stores.

Les propositions de Serge Papin pour protéger les agriculteurs

Pleinchamp, Négociations commerciales : les 9 propositions de Serge Papin, 25/03/2021

La loi EGalim, entrée en vigueur en 2019, n’ayant au final pas eu les effets initialement escomptés et la guerre des prix étant repartie dans le contexte de la pandémie de Covid-19, le gouvernement avait missionné en octobre l’ancien président de Système U, Serge Papin, afin de trouver des solutions pour renforcer cette loi EGalim et de rééquilibrer les rapports de force entre agriculteurs, transformateurs et distributeurs.

Il en ressort 9 propositions :

1) Garantir la « marche en avant du prix » dans un cadre pluriannuel : comme l’explique Serge Papin, “Le prix des matières premières agricoles sera arrêté dans un contrat passé entre les agriculteurs et les industriels de la première transformation” et “sera fixé à partir d’indicateurs de coûts de production et dans la suite de la négociation entre les industriels et les distributeurs”. De plus, “les distributeurs ne pourront plus négocier la part agricole, qui sera en quelque sorte sanctuarisée”. Enfin, il propose la signature de contrats pluriannuels (3 ans minimum) pour sortir du « rapport de force ». 

2) Tendre vers davantage de transparence dans les relations commerciales en expérimentant un outil de transparence : ce système vise à pallier le manque de confiance entre les acteurs d’une même filière. Il permettrait le partage d’informations confidentielles avec un tiers de confiance pour établir des indicateurs anonymisés.

3) Améliorer la perception de la valeur de l’alimentation en précisant le rôle des promotions : le rapport recommande notamment que pour les promotions concernant des dégagements, ce soit les interprofessions qui définissent les périodes de dégagement de produits sensibles pendant lesquelles la publicité sur le prix des promotions de ces produits serait interdite.

4) Renforcer la médiation : renforcer les pouvoirs du médiateur.

5) Revoir la politique de pénalités : le rapport recommande “du discernement sur les produits vivants”.

6) Plus de patriotisme agricole : identifier systématiquement l’origine France des ingrédients et des produits, y compris en restauration collective.

7) Encourager les agriculteurs à se regrouper : encourager la création d’entités plus fortes d’agriculteurs par le regroupement d’entités existantes.

8) Accélérer la transformation des coopératives : accélérer leur transformation pour passer d’une logique de flux poussés à une logique d’orientation de la production.

9) Mettre en place une véritable éducation nutritionnelle : celle-ci serait mise en place dès la primaire.

Le rapport peut être téléchargé ici.

Les réponses du Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie aux propositions de Serge Papin

Terre-net, Rémunération des agriculteurs : les réponses de Julien Denormandie, 26/03/2021

Un entretien réalisé avec le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation suite aux propositions faites par Serge Papin.

Pour Julien Denormandie, “il est inacceptable que cette guerre des prix se fasse sur le dos des agriculteurs” et “ses propositions sont très concrètes, et doivent être mises en œuvre”. Selon lui, “dans l’idéal, les modifications nécessaires devraient être apportées dès cet été” pour qu’elles puissent encadrer les prochaines négociations commerciales.

Parmi les propositions faites, la plus importante selon le Ministre est celle de “la sanctuarisation des prix des matières premières agricoles”.

Julien Denormandie rappelle d’ailleurs que “le consommateur est un acteur majeur” car il doit “accepter qu’un concombre produit en France, issu de fermes ayant conduit une transition agroécologique, n’ait pas les mêmes qualités nutritionnelles et environnementales qu’un concombre importé de pays qui ne respecte pas les mêmes normes que nous, et donc que les prix soient différents”. Il met également en avant le fait que “le “mieux manger” ne peut pas passer par la destruction de nos agriculteurs” et en appelle à “sursaut collectif qui doit venir de la grande distribution, des industriels”.

Enfin, il donne sa triple vision dans le cadre de la nouvelle PAC (Politique Agricole Commune) qui est en négociation : “la souveraineté de notre agriculture, la qualité et la durabilité de notre production et la spécificité de nos territoires”.

Cassis : filière modèle du monde agricole

BFM TV, Pourquoi les producteurs de cassis montrent la voie à l’ensemble du monde agricole, 28/03/2021

Alors que Serge Papin a proposé dans son rapport de mettre en place des contrats pluriannuels entre les producteurs et les industriels transformateurs, BFM TV s’intéresse à une filière où ces contrats existent depuis longtemps.

Dans le cahier des charges de l’indication géographique « Crème de cassis de Bourgogne », il est en effet précisé que “les premiers contrats d’achats de baies de cassis entre producteurs et liquoristes, pour des baux allant de six à douze ans, sont apparus dès 1904. Cette pratique du contrat pluriannuel perdure aujourd’hui”.

D’après l’article, l’interprofession “Acteurs du cassis” a créé il y a 15 ans des contrats de cinq ans. Ainsi, pendant 5 ans les agriculteurs bénéficient du même prix d’achat de la part des liquoristes, qui disposent en retour de l’assurance d’avoir la matière première. Pour Jean-Dominique Caseau, l’ancien président du Syndicat des producteurs de cassis de Dijon, “C’est une garantie de débouchés. Un verger de cassis a une durée de vie de 15 ans mais il faut trois ans pour que ça produise”.

Néanmoins, l’article précise que le cassis est une petite production de moins de 1500 tonnes par an, avec un nombre limité de producteurs et seulement sept transformateurs de crème de cassis. Ce qui fonctionne sur le cassis n’est pas aussi simple à répliquer sur des productions de plus grande échelle comme les pommes.

Le sucre remplacé par de la pulpe de cacao dans une tablette de chocolat Nestlé

Process Alimentaire, Comment Nestlé utilise la pulpe de cacao pour son nouveau chocolat, 29/03/202

Une innovation intéressante vient d’être mise au point par Nestlé : il s’agit d’une tablette de chocolat que l’on pourrait en quelque sorte traitée d’antigaspi. En effet, comme l’explique François Legeard, responsable marketing chocolat premium chez Nestlé, d’ordinaire le chocolat est travaillé à partir de la fève de cacao. Or cette dernière ne représente que 20% de la cabosse et les 80% restants (70% de coque et 10% de pulpe) sont jetés.

Or la pulpe est sucrée et Nestlé a décidé de la valoriser pour sucrer son chocolat. Avec ce procédé, le groupe réussit ainsi non seulement à raccourcir la liste des ingrédients mais également à réduire les déchets et à améliorer le revenu des producteurs. Cette innovation est le fruit de 3 années de R&D pour trouver le bon process de séchage pour que la pulpe ait la bonne consistance, la bonne viscosités et le goût souhaité afin d’être intégrée au chocolat.

Commercialisée sous le nom Incoa, on la trouve depuis ce mois-ci chez La Grande Épicerie Paris.

Trader Joe’s, le hard-discounter hype

Les Echos, Trader Joe’s, l’américain qui gentrifie le hard-discount, 30/03/2021

Un article sur une chaîne de supermarchés américaine assez méconnue chez nous mais qui mérite une visite lors de votre prochain séjour aux Etats-Unis.

Trader Joe’s est née en Californie à la fin des années 1950 et appartient depuis plusieurs décennies à la famille allemande Albrecht, qui est également propriétaire du hard-discounter allemand Aldi. Ce qui démarque Trader Joe’s de ses concurrents américains : des magasins dont la surface varie de 750 à 1 100 m² (contre 3500 m² en moyenne pour un Whole Foods Market) et qui compte au maximum 4000 références (contre jusqu’à 50 000 pour ses concurrents), : pas de viande ou de poisson à la découpe, peu de produits d’entretien et de beauté, une déco cool et colorée, une présence en ligne quasi inexistante, pas de carte de fidélité, plus de 80 % de son offre est vendue sous sa marque propre et il n’y a aucune caisse automatique dans les magasins.

L’article rapporte d’ailleurs ces propos de Jon Basalone, le président chargé des magasins, pour expliquer le succès des magasins Trader Joe’s : « Le magasin est notre marque et nos produits fonctionnent mieux quand ils sont vendus comme une partie de cette expérience client à l’intérieur du magasin ». Et comme le précise Mark Gardiner,  un ancien publicitaire qui a consacré un livre à cette enseigne « La seule manière de ne pas être tué par (Amazon) est de rendre le shopping agréable, de faire de l’expérience en magasin quelque chose de divertissant ».

L’enseigne compte actuellement 515 supermarchés et en ouvre une vingtaine par an. Son chiffre d’affaires annuel est estimé à environ 15 milliards de dollars. 

L’envolée du Q-commerce

Sifted, On-demand grocery delivery : The competitors, compared, 29/03/2021

Un article très intéressant sur un segment naissant mais qui se développe à vitesse grand V à coups de centaines de millions d’euros : le Q-commerce. Leur offre de service se résume en quelques mots : elles proposent aux clients environ 1 000 à 2 000 produits d’épicerie, stockées dans des “dark stores”, qui peuvent être commandés via une application et arrivent chez vous en moins de 15 minutes.

L’article balaie et compare les différents acteurs au niveau européen. On y apprend notamment qu’hormis la turque Getir, qui existe depuis 2015, ces startups ont toutes été lancées depuis janvier 2020.

Par ailleurs, elles ont multiplié les grosses levées de fonds depuis quelques semaines :

  • Getir a levé 300 millions de dollars la semaine dernière, ce qui la valorise à 2,6 milliards de dollars.
  • l’allemande Gorillas, qui a été lancée en juin 2020, a également levé 285 millions d’euros la semaine dernière et est déjà valorisée à 1 milliards d’euros.

Le marché sur lequel la compétition est la plus féroce pour le moment est l’Angleterre, où elles ne sont pas moins de 7 à s’être aventurées.

A noter également que certaines de ces startups visent également une implantation sur le marché français. C’est le cas de Getir ou encore de Gorillas.

Si les investisseurs se jettent tous sur ces startups, elles ont tout de même plusieurs challenges devant elles : elles doivent multiplier rapidement le nombre de dark stores, elles ne seront pas rentables avant au moins 2 ans, la prime au premier arrivé est très importante, leurs marges sont encore faibles, les grands acteurs de la livraison de repas Uber Eats et Deliveroo se sont également lancés sur ce créneau et à moyen/long terme les loyers des dark stores peuvent être amenés à augmenter plus ou moins fortement.

Bag in Box et rosés ont coulé à flots pendant le premier confinement

Les Echos, Vin en cubi, spiritueux et prosecco ont profité du confinement, 25/03/2021

Alors qu’en 2020, les ventes de vin réalisées dans les supermarchés et les hypermarchés ont augmenté de 1,1% en volume et de 1,3% en valeur, cette hausse des ventes n’a pas bénéficié à tous les segments.

Ainsi, l’article nous apprend que cette hausse a surtout bénéficié aux vins rosés ainsi qu’aux bag-in-box. Ces derniers ont même, d’après Les Echos, “représent(é) la moitié de la totalité des vins pendant le premier confinement”. 

Par ailleurs, alors que le e-commerce a explosé un peu partout en 2020, le secteur du vin fait office de forteresse gauloise. La part de l’e-commerce n’a en effet augmenté que de 1,5% et ne représente que 3,6% de l’ensemble du commerce de vin.

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