Eat’s Business #18 | Boom des alternatives végétales au lait, commerce équitable français et appétit pour le pain de mie | avec la participation de Guillaume Millet – PlantBased Global Director chez Danone

18/05/2021

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Eat’s Business #18

Dans ce nouvel épisode de Eat’s Business, la revue de presse du Business de la Bouffe, Olivier Frey et Daniel Coutinho reviennent avec sur le boom des alternatives végétales au lait avec Guillaume Millet, PlantBased Global Director chez Danone, sur l’appétit des Français pour le pain de mie, ainsi que sur le commerce équitable français.

Dans cet épisode, sont aussi évoqués la composition des laits végétaux, les coopératives de livraison de repas et l’avenir du marc de raisin.

Alternatives végétales au lait en plein boom

Financial Times, The battle for the future of milk, 07/05/2021

Alors que Nestlé vient de lancer Wunda, sa propre alternative végétale au lait, le Financial Times s’est intéressé à ce segment en plein boom qui pèse déjà 17 milliards de dollars selon Euromonitor. Toutefois, même s’il commence à prendre de l’ampleur, ce segment ne représente encore qu’une petite fraction du marché global des produits laitiers, qui est estimé à 650 milliards de dollars par an. Mais les multinationales de l’agroalimentaire y investissent de plus en plus et il existe désormais au moins 124 startups qui se sont lancées sur ce créneau selon les données de Pitchbook. Le suédois Oatly prépare même sa prochaine introduction en bourse, qui pourrait le valoriser jusqu’à 10 milliards de dollars.

L’enjeu pour tous ces acteurs est de taille : selon leurs défenseurs, les émissions de gaz à effet de serre émises lors de la production de “lait végétal” sont inférieures à celles émises lors de la production de lait de vache. De plus, ces alternatives ouvrent la voie à une nouvelle approche de l’alimentation et des boissons, sans animaux et de haute technologie, qui pourrait contribuer à nourrir l’humanité et à freiner le réchauffement climatique.

Selon l’article, la demande pour le “lait végétal” s’est en fait nourrie de la culture des cafés. Ainsi, comme l’explique un expert de chez Bernstein, “choisir son type spécifique de lait végétal chez Starbucks semble être une façon de s’identifier”.

Cette entrée tardive de certaines multinationales comme Nestlé sur ce marché traduit, selon l’article, leur conviction que la tendance des alternatives végétales au lait est un changement durable, et pas seulement une mode chez la classe moyenne. Pour mettre au point Wunda, les chercheurs de Nestlé ont combiné des protéines de pois avec de l’eau, des fibres de chicorée, du sucre et de l’huile de tournesol.

Historiquement, les “laits végétaux” produits à partir de graines de soja sont fabriqués en Chine depuis des siècles, tandis que le lait d’amande a une longue histoire au Moyen-Orient. Mais les laits végétaux ont atteint les marchés européens et américains beaucoup plus tardivement.

La sensibilisation croissante à l’intolérance au lactose a stimulé la demande de lait de soja dans les années 1970 et 1980, soutenue par une nouvelle génération de consommateurs soucieux de leur santé. Les ménages à la recherche d’une boisson végétalienne peuvent désormais choisir parmi l’avoine, les noix de cajou, la noix de coco, le chanvre, les pois, l’orge, le riz, les graines de chia et autres. Le soja a décliné en raison des préoccupations liées aux allergies et à sa contribution à la déforestation.

Au cours de la dernière décennie, les ventes de laits végétaux (hors lait à base de soja) ont été multipliées par neuf sur les marchés occidentaux, qui comprennent l’Europe occidentale, l’Amérique du Nord et l’Australasie, selon Euromonitor.

Les investissements en capital-risque dans le secteur des alternatives végétales aux produits laitiers et aux œufs ont grimpé en flèche pour atteindre 1,6 milliard de dollars l’année dernière, contre 64 millions de dollars en 2015, selon Dealroom. Et, même si le lait végétal deviendra moins rentable à l’avenir, les experts sont convaincus qu’il a un rôle à jouer pour freiner le changement climatique.

Les laits végétaux sont-ils bons pour la santé ?

New York Times, Are Plant Milks Good for You?, 10/05/2021

Le New York Times s’intéresse d’un peu plus près à la composition des alternatives végétales au lait.

Ces substituts à base de plantes sont généralement fabriqués en faisant tremper la légumineuse, la noix, la céréale ou tout autre ingrédient principal. On presse ensuite l’ensemble et on en extrait le liquide. Beaucoup de gens les préfèrent parce qu’ils veulent (ou doivent) éviter les produits laitiers mais certains les choisissent parce qu’ils pensent qu’ils sont plus sains que le lait de vache.

Comme l’explique Melissa Majumdar, porte-parole de l’Academy of Nutrition and Dietetics, “en général, ces laits non laitiers ont été présentés comme étant plus sains, mais ce n’est pas nécessairement le cas”. Les experts invitent donc les consommateurs à examiner l’étiquette nutritionnelle car certains laits ne sont pas aussi bons pour la santé qu’ils le semblent. Finalement tout dépend du type de lait végétal que vous buvez, du fait qu’il soit ou non enrichi, de la quantité de sucres ajoutés qu’il contient et de la manière dont il s’intègre à votre régime alimentaire général.

Le lait de vache est naturellement riche en protéines, en calcium, en potassium et en vitamines B, et il est souvent enrichi en vitamine A (naturellement présente dans le lait entier) et en vitamine D. Si de nombreux laits d’origine végétale sont enrichis de plusieurs des nutriments présents dans le lait de vache, tous ne le sont pas. De plus, beaucoup ne fournissent pas suffisamment certains nutriments clés comme les protéines, le potassium et la vitamine D.

L’article compare ensuite les six principales alternatives végétales au lait (amande, avoine, soja, noix de coco, pois et riz) en termes de goût, de protéines, de calories, de graisses et d’autres attributs.

Commerce équitable français

L’ADN, Le label équitable Fairtrade / Max Havelaar s’ouvre aux producteurs français, 05/05/2021

Pour la 20ème édition de la Quinzaine du Commerce Equitable, Max Havelaar a commandité un nouveau sondage à Opinion Way. On y apprend que :

  • 62% des Français déclarent plébisciter l’origine France des produits qu’ils consomment,
  • 53% réclament le respect d’un prix payé aux agriculteurs qui couvre leurs coûts de production,
  • 39% sont favorables au développement de marques et labels garantissant une juste rémunération.

Selon les répondants, les 2 principales raisons qui pénalisent l’agriculture française sont :

  • les prix bas imposés aux agriculteurs par les intermédiaires et distributeurs (67% des répondants),
  • la concurrence avec d’autres pays aux normes moins contraignantes (63% des répondants).

C’est dans ce contexte que Max Havelaar a décidé de proposer une labellisation des producteurs français et on pourra donc à l’avenir retrouver le fameux logo sur des yaourts, crèmes desserts, viennoiseries, pâtisseries, ou encore biscuits. La labellisation concernera les filières françaises de blé et lait. Elle reposera sur une méthode inédite de fixation du prix garanti en fonction du territoire et d’un objectif chiffré de revenu. L’idée d’un prix en fonction du territoire est intéressante car, comme l’explique Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar France, « un seul prix équitable pour tout un pays peut être réducteur. (…) Avec par exemple 40 centimes perçus par litre de lait, un producteur du Poitou peut être finalement moins bien rémunéré qu’un acteur breton qui perçoit 37 centimes. » 

A travers cette certification équitable “Nord-Nord”, Max Havelaar affiche 3 objectifs principaux :

  • garantie de meilleure rémunération,
  • accompagnement vers une agriculture durable,
  • contribution au maintien de territoires ruraux.

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur la démarche, n’hésitez pas à aller aussi consulter le dossier de presse.

Coopératives de livraison de repas

The Guardian, ‘More than a job’: the meal delivery co-ops making the gig economy fairer, 11/05/2021

Alors que les livraisons de repas à domicile ont explosé un peu partout dans le monde avec la pandémie et que les gros acteurs de ce marché en ont profité, The Guardian s’intéresse à ces alternatives plus éthiques et sociales qui se sont créées en Europe.

Elles se nomment Eraman en Espagne, Olvo en France ou encore Khora en Allemagne et ces entreprises ont un point commun : ce sont des coopératives. Elles sont dirigées par les travailleurs et se targuent d’être gouvernées démocratiquement. Comme le résume Cristina González, qui est coopératrice chez Eraman, “c’est un travail, mais c’est aussi plus que cela. Chez Eraman, vous êtes un maillon de la chaîne, un membre d’une équipe, chez Glovo, vous êtes un pion, la dernière position dans une hiérarchie.”

Et ces coopératives utilisent un logiciel mis au point par la fédération de coopératives CoopCycle, qui a été lancée par des français il y a quelques années et qui compte désormais 67 coopératives dans sept pays et s’est étendue de l’Europe au Canada et à l’Australie.

Les coopératives affirment que leur modèle économique est plus avantageux pour les restaurants et les usagers. Eraman, par exemple, fait payer aux restaurants entre 10 et 20 % de la valeur de la commande, alors que Deliveroo prend 32%, que la commission moyenne de Glovo est de 35% et que celle de Just Eat et Uber Eats est de 36,2%.

Mais l’une des questions clés est la suivante : ces coopératives de livraison dirigées par des travailleurs peuvent-elles constituer une véritable alternative aux géants de la livraison ?

Grand appétit pour le pain de mie

BFM TV, Pourquoi le pain de mie aiguise l’appétit des industriels, 10/05/2021

BFM nous apprend que l’entreprise espagnole Vicky Food va investir pas moins de 45 millions d’euros pour ouvrir sa première usine en France d’ici fin 2022.

L’article précise que, selon les chiffres d’IRI, les ventes de la panification préemballée ont atteint 855 millions d’euros sur la période allant de mars 2020 à mars 2021 (soit +11,7% sur un an). Au sein de cette catégorie, le pain de mie représente plus de la moitié des ventes et est en progression de +7% sur un an. Et si 2020 a été une année atypique à bien des égards, les ventes de pain de mie ont encore progressé de 7% au 1er trimestre de cette année selon Nielsen.

Le marché du pain de mie est dominé par deux acteurs : Harrys (filiale du groupe italien Barilla), qui représente environ un tiers des ventes, et Jacquet (filiale du groupe coopératif Limagrain), qui représente environ 15%. Les MDD pèsent quant à elles environ la moitié des ventes.  

Après avoir été décrié pendant quelques années, notamment à cause de son apport calorique et des additifs le composant, le renouveau du pain de mie s’explique en partie par des innovations axées sur la nutrition (sans sucres ajoutés, affichage du Nutri-score, au seigle, au quinoa, à la farine d’épeautre…) et le développement d’offres bio.  

Seconde vie pour le marc de raisin

Wine Spectator, A Second Life for Winemaking’s Leftover Grape Skins, 28/04/2021

Le marc de raisin est un sous-produit de la vinification qui peut peser jusqu’à 30 % du poids total du raisinet dont l’élimination pose problème car cela représente au global des milliers de tonnes de déchets par an.

Mais une étude récente a révélé que ce sous-produit, composé de peaux, de tiges et de graines, pourrait être un complément de santé. En effet, des chercheurs de l’université de Californie ont découvert que le marc de raisin Chardonnay contient des quantités importantes d’oligosaccharides, un type d’hydrate de carbone présent dans divers tissus végétaux et humains. Des études sur les oligosaccharides ont révélé que ce composé contribue à promouvoir la santé immunitaire et intestinale.

Ces résultats constituent une découverte intéressante, car ils pourraient ouvrir la voie à de nouveaux débouchés pour le marc de raisin, notamment sous forme de compléments alimentaires.

Le papier de recherche est disponible ici.

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