Eat’s Business #43
Dans ce nouvel épisode de Eat’s Business, la revue de presse du Business de la Bouffe, Olivier Frey et Daniel Coutinho reviennent sur les actualités food de la semaine. Aujourd’hui on parle de l’augmentation de l’espérance de vie pour ceux qui mange sainement, des Amaps face à la crise, et de l’essor du café en grain.
On parle également de wasabi, des vins en canettes et du boom de la tequila haut de gamme aux US.
Le Monde, Manger plus sainement peut permettre de gagner plus de 10 ans d’espérance de vie, 08/02/2022
En 2019, des équipes du Global Burden of Disease, un programme mondial de recherche en épidémiologie de l’Institute for Health Metrics and Evaluation à Seattle (Etats-Unis) ont estimé qu’environ 11 millions de morts prématurées par an étaient attribuables à une mauvaise alimentation, soit un décès sur cinq, ce qui représente plus que les décès liés au tabac (8 millions de morts par an).
Dans une récente étude publiée dans la revue PLOS Medicine, une équipe de chercheurs de l’université de Bergen (Norvège) a établi qu’un « régime optimal » riche en légumineuses, céréales complètes, fruits à coque, et fruits et légumes, et pauvre en viande, pouvait faire gagner 13 ans d’espérance de vie à un individu nord-américain aujourd’hui âgé d’une vingtaine d’années (10,7 ans pour une femme) par rapport à un régime alimentaire occidental moyen, où la consommation de féculents, produits laitiers et viande est plus importante.
C’est la première fois que des chercheurs réussissent à quantifier comment différents changements alimentaires peuvent avoir un impact substantiel sur l’espérance de vie. Comme l’explique Lars Thore Fadnes, premier auteur de l’étude, “notre idée de départ était d’étudier comment les changements de paramètres de notre alimentation peuvent affecter la santé et avoir des effets qui se combinent entre eux”.
Ainsi, selon les résultats de l’étude, le seul fait d’augmenter sa ration de légumineuses (pois chiches, fèves, lentilles, haricots, à 200 grammes par jour) permettrait de gagner un peu plus de deux ans d’espérance de vie à l’âge de 20 ans, tout comme le fait de manger plus de céréales complètes (riz complet, pain complet, etc.) et de fruits à coque (jusqu’à 25 grammes par jour, soit, par exemple, une poignée de noix). A l’inverse, la suppression de la viande rouge et de la viande transformée de son assiette permettrait de gagner de 1,5 à 1,9 année d’espérance de vie à l’âge de 20 ans. Mais même si l’on se met à changer ses habitudes alimentaires plus tardivement cela peut avoir des effets bénéfiques. Ainsi, changer d’assiette pour un régime optimal à 60 ans pourrait faire gagner jusqu’à huit ans d’espérance de vie. Si le changement a lieu à 80 ans, le gain espéré est de trois ans.
Les chercheurs ont par ailleurs mis en place le calculateur en ligne Food4HealthyLife pour estimer instantanément l’effet sur l’espérance de vie d’une série de changements alimentaires. Ils affirment que cet outil pourrait être utile aux cliniciens, aux décideurs et aux profanes pour comprendre l’impact des choix alimentaires sur la santé.
Le Parisien, Consommation : pourquoi la crise sanitaire fait tant de mal aux Amap d’Île-de-France, 11/02/2022
Qu’il est loin le temps où les listes d’attente pour rejoindre une des 315 Amap d’Île-de-France et des 30 de l’Oise, étaient longues comme le bras. Selon l’article, “depuis quelques semaines, plusieurs fermes peinent à trouver un nombre d’adhérents suffisants”. Florent Sebban, porte-parole du Mouvement interrégional des Amap (Miramap), précise ainsi que “certaines fermes évoquent entre 20 et 30 % de non-renouvellement des adhésions”.
Pour comprendre les raisons de ces non-renouvellements, un questionnaire a été lancé auprès des « Amapiens » et, d’après les retours, “30 % évoquent comme raison principale de leur départ un déménagement, 18 % parlent d’une indisponibilité aux horaires de distribution et 14 % mettent en avant un manque de temps pour gérer leurs paniers de légumes (les cuisiner)”.
Néanmoins, selon Florent Sebban, “le modèle économique n’est pas remis en cause, très peu de personnes ont mis la question du prix en avant (les paniers sont en général autour d’une vingtaine d’euros pour plusieurs kilos de légumes) et les consommateurs accordent de plus en plus d’importance à leur alimentation. Et les créations d’Amap se poursuivent en Île-de-France, c’est donc encourageant”.
Le Figaro, L’essor du café en grain met à mal l’hégémonie des dosettes, 14/02/2022
Voilà une nouvelle conséquence de la crise sanitaire. Les ventes de machines à café avec broyeur intégré, dites « full automatique » ont explosé en 2021. Ces machines qui permettent de se faire un café à partir des grains sont vendues plusieurs centaines d’euros mais leurs ventes se sont envolées de 45% l’an dernier. Le taux d’équipement des foyers français en machines full automatique est désormais proche de 10%. Selon Maurizio Cozzolino, directeur général de Lavazza pour l’Europe de l‘Ouest, ce sont ainsi environ 600 000 machines de ce type qui se sont vendues entre octobre 2020 et octobre 2021.
Maxime Briquet de chez KantarWorldPanel explique que “le café en grain répond à beaucoup d’attentes, de l’aspect authentique et non transformé du produit à la qualité du goût, en passant de la réduction des déchets”. Résultat : la part de marché des sachets de café en grains est désormais proche de 10 % en grandes surfaces (contre 5% il y a à peine deux ans).
Toutefois, le café en grain est encore loin de remettre en cause l’hégémonie des dosettes, qui représentent encore “plus de la moitié des 3,1 milliards d’euros de café vendu en France”. Néanmoins les poids lourds du secteur ont lancé des gammes de café en grains. Nestlé semble toutefois dubitatif sur l’avenir du café en grain qui reste destiné, selon les dires d’Olivier Bergère, directeur général des cafés Nestlé France, à “une clientèle de connaisseurs”.
Difficile donc de donner des prévisions. L’article précise toutefois que beaucoup d’acteurs s’accordent sur deux points :
- “l’ère de la domination de la dosette semble faire place à celle de la mixité des façons de boire son café, selon les moments de la journée, et le nombre de personnes du foyer”.
- La consommation de café va continuer à croître en France. Euromonitor estime qu’elle pourrait augmenter de 20 tasses supplémentaires par Français et par an d’ici 2025.
New York Times, ‘A Sense of Crisis’ for Wasabi, a Pungent Staple of Japanese Cuisine, 07/02/2022
Voilà un autre exemple d’un pays qui est confronté à l’insécurité alimentaire.
L’article s’intéresse à l’un des piliers de la gastronomie japonaise, le wasabi. Ce condiment est un indispensable qui agrémente de nombreux plats japonais. Historiquement, le wasabi a poussé pendant des centaines d’années à l’état sauvage dans les montagnes du Japon. C’est il y a environ quatre siècles que des agriculteurs de Shizuoka ont commencé à le cultiver.
Mais sa culture devient de plus en plus compliquée au pays du soleil levant.
D’une part, la hausse des températures a rendu ses cultures plus sensibles aux moisissures et à la pourriture. Le Japon est de plus en plus soumis à des précipitations imprévisibles, des inondations et des typhons plus intenses. Par ailleurs, la qualité de l’eau de source s’est détériorée au fil du temps, en raison de l’abondance de cèdres et de cyprès héritée de la reconstruction lancée après la Seconde Guerre mondiale. De plus, de nombreux producteurs de wasabi approchent de l’âge de la retraite et ne trouvent pas forcément de jeunes pour reprendre leurs exploitations.
Résultat : à Shizuoka, l’une des plus grandes régions productrices de wasabi du Japon, le volume de wasabi produit a diminué de près de 55 % au cours de la dernière décennie selon le ministère de l’agriculture, des forêts et de la pêche.
Comme le résume bien Hiroyuki Mochizuki, président de Tamaruya, “afin de protéger la culture alimentaire japonaise il est important de protéger le wasabi”.
Les chercheurs et les cultivateurs locaux ont commencé à expérimenter des croisements dans le but de développer des variétés de wasabi robustes qui prospéreront même avec des températures plus élevées. Le problème est que, contrairement à d’autres cultures comme les concombres ou les tomates, l’extraction des graines et la culture des jeunes plants de wasabi nécessitent une technologie sophistiquée.
Le Parisien, Vin en canette : les consommateurs français enfin prêts à franchir le pas, 14/02/2022
L’article rappelle tout d’abord quelques chiffres : aux Etats-Unis le nombre de références de vin en canette a triplé en un an, passant de 300 marques à 900 à la fin de l’année 2020. Toutefois, à l’échelle mondiale, la canette de vin ne pèse que 0,4 %.
Par contre, “le vin qui se boit à la manière d’un soda n’a pas encore pénétré l’Hexagone” et “le marché du vin en canette en France est pour le moment inexistant”. Toutefois, d’après un sondage OpinionWay réalisé en janvier 2022, “72 % des personnes interrogées sont intéressées à l’idée d’essayer le vin en canette”. C’est même encore plus chez les 18-24 ans où “cette proportion grimpe à 85 %”.
Et vous, avez-vous déjà testé le vin en canette?
CNBC, Tequila could overtake vodka as America’s favorite liquor as sales boom, 05/02/2022
Alors que la vodka est le spiritueux le plus vendu aux États-Unis depuis les années 1970, elle pourrait bientôt être détrônée par la tequila.
En effet, la tequila et le mezcal (qui sont tous deux produits à partir d’agave) ont été la deuxième catégorie de spiritueux à la croissance la plus rapide en 2021, derrière les cocktails prémélangés, avec des ventes qui ont augmenté de 30,1 % par rapport à l’année précédente pour atteindre 5,2 milliards de dollars (98% de ces ventes concernaient de la tequila). Il s’agit désormais de la deuxième catégorie en termes de revenus, derrière la vodka et ses 7,3 milliards de dollars.
L’article nous explique également la différence entre tequila et mezcal. Ainsi, la tequila n’est fabriquée qu’à partir de la plante d’agave bleue alors que le mezcal peut être fabriqué à partir de dizaines de sortes d’agaves différentes.
Mais les spiritueux à base d’agave pourraient être en passe de la dépasser dans quelques années seulement. Certes la vodka reste loin devant en termes de volumes, ave 78,1 millions de caisses vendues en 2021 contre 26,8 millions de caisses pour la tequila et le mezcal. Mais la téquila est montée en gamme depuis quelques années et n’est plus uniquement utilisée comme base pour certains cocktails. Diageo, qui possède notamment les téquilas haut de gamme Don Julio et Casamigos, prévoit que les ventes de tequila progresseront plus rapidement que l’ensemble de l’industrie des spiritueux au cours des cinq à dix prochaines années. Par ailleurs, un nombre croissant de célébrités ont lancé leurs propres marques de tequila et de mezcal, espérant imiter le succès de la tequila Casamigos de George Clooney, qui a été vendue à Diageo pour 1 milliard de dollars en 2017.