Eat’s Business #52
Dans ce nouvel épisode de Eat’s Business, la revue de presse du Business de la Bouffe, Olivier Frey et Daniel Coutinho reviennent sur les actualités food de la semaine. Aujourd’hui nous parlons de la crise de l’agriculture bio, de la banane française qui soigne son image et de la viande Brésilienne dont les émissions de gaz dépassent ceux de l’Italie.
Nous parlons également des vins médaillés, de l’avenir du cidre qui s’annonce prometteur et des conséquences de la guerre en Ukraine sur la vodka russe.
Les Échos, La désillusion gagne l’agriculture bio, 20/04/2022
On parle beaucoup des problèmes que rencontrent les éleveurs laitiers bio. Mais les arboriculteurs convertis au bio sont également à la peine.
Cette arboricultrice qui a converti 10 % de son verger il y a quelques années n’y va d’ailleurs pas par quatre chemins en affirmant “on s’est un peu fait avoir” en faisant référence à ceux qui prédisaient que “les produits bio allaient devenir la norme et le moteur du marché”. Pour preuve : en trois ans, les pommes issues de l’agriculture biologique “ont vu leur valeur divisée par deux (…) pour se rapprocher dangereusement de celle des pommes conventionnelles (40 centimes le kilo)”.
Alors que désormais ce sont 53.000 exploitations qui cultivent en bio (soit plus de 10 % des surfaces agricoles utiles françaises), il va y avoir un nouvel afflux des producteurs qui se sont lancés dans une conversion il y a deux ou trois ans. Comme l’explique Laure Verdeau, la directrice de l’Agence Bio, “on est à un tournant, on sort de la pénurie de bio et, pour la première fois, on se pose la question de la demande”.
Un million d’euros ont été mobilisés afin de lancer une campagne de sensibilisation le mois prochain.
RFI, Face à la concurrence, la banane française soigne son image, 20/04/2022
Si la banane n’est pas le meilleur élève en matière de bilan carbone et de bonnes pratiques environnementales, la filière française met en avant ses efforts en la matière.
La France produit 200 000 tonnes de bananes par un an, principalement en Guadeloupe et en Martinique. La filière française fait face à une concurrence de plus en plus forte. Elle doit notamment lutter avec les “privilèges octroyés à la banane dollar, celle qui vient d’Amérique latine, qui bénéficie de conditions de mise sur le marché très favorables en Europe avec une baisse des droits de douane de 50% en dix ans”.
La filière française communique donc sur ses progrès en termes de baisse de consommation d’intrants (-38% d’engrais et -75 % de produits phytosanitaires utilisés en 15 ans) ainsi que l’amélioration de son bilan carbone (-14%).
Ainsi, 1 kg de banane française vendu en France émet 800 g d’émission de gaz à effet de serre. C’est certes moins bien que pour la pomme mais c’est équivalent aux fraises d’Espagne.
Desmog, Brazilian Meat Giant JBS a Bigger Emitter Than Italy, Study Estimates, 21/01/2022
Selon une nouvelle étude réalisée par l’Institute for Agriculture and Trade Policy (IATP), les émissions de gaz à effet de serre produites par JBS, le plus grand transformateur de viande au monde, ont augmenté de plus de 50 % au cours des cinq dernières années en raison de l’acquisition de nouvelles unités de production de volaille et de bétail. Cela signifie que son empreinte carbone est désormais plus importante que celle de toute l’Italie.
L’IATP a constaté que les émissions de JBS sont passées de 280 millions de tonnes d’équivalent CO2 (MtCO2e) en 2016 à 421,6 MtCO2e en 2021, soit une augmentation de 51 % en cinq ans. A titre de comparaison, l’Italie a produit 418,3 MtCO2e en 2019.
Cette augmentation résulte en grande partie de plusieurs acquisitions de concurrents réalisées par JBS. Le nombre de bovins dans la chaîne d’approvisionnement de JBS a ainsi augmenté de 54 % depuis 2016, tandis que le nombre de porcs a augmenté de 67 % et le nombre de poulets de 40 %, selon un décompte de l’IATP. Rien qu’en 2021, JBS a ainsi traité 26,8 millions de bovins, 46,7 millions de porcs et 4,9 milliards de poulets.
JBS a déclaré au Financial Times qu’il niait l’exactitude des estimations, affirmant que l’étude utilisait “une méthodologie défectueuse et des données grossièrement extrapolées pour faire des affirmations trompeuses”. Après la publication, JBS a déclaré à DeSmog qu’il travaillait déjà à divulguer ses émissions “conformément aux normes internationales de meilleures pratiques” et à faire vérifier par un tiers indépendant son objectif net zéro, qu’il a décrit comme sa “priorité numéro un”.
L’article rappelle JBS est devenu en mars 2021 le premier acteur majeur de l’industrie de la viande à s’engager à réduire ses émissions de carbone à un niveau net zéro. Les défenseurs du climat ont de leur côté déclaré que la montée en flèche des émissions causée par l’expansion de l’entreprise ces dernières années suggérait que l’objectif net zéro n’était guère plus que du “greenwashing”, et ont exhorté les investisseurs à se désinvestir de l’entreprise. Alex Wijeratna, directeur de campagne de Mighty Earth, a par ailleurs déclaré “JBS est l’un des pires contrevenants climatiques au monde et c’est pourquoi nous demandons instamment à ses principaux clients, comme les supermarchés géants Carrefour, Costco et Tesco, d’abandonner JBS de toute urgence. Aucune entreprise qui achète de la viande de JBS ne peut prétendre être sérieuse en matière de changement climatique”.
Le Parisien, Même plus chers, les vins médaillés attirent les consommateurs, 21/04/2022
Une étude réalisée en ligne du 28 janvier au 1er février 2022 Viavoice pour le compte de l’Association des grands concours vinicoles français (AGCVF) montrent l’intérêt des médailles pour les vins.
Ainsi, 59 % des personnes interrogées affirment être attentifs aux médailles reçues par un vin lors de leurs achats. Pour Michel Bernard, président de l’AGCVF, “ce résultat confirme nos intuitions. C’est un repère intéressant voire précieux pour l’acheteur”.
Par ailleurs 76 % des personnes interrogées confirment qu’une médaille les incite à acheter le vin distingué.
Autre résultat intéressant : 85 % des personnes interrogées déclarent qu’une médaille met en valeur un vin et 76 % qu’elle rassure sur la qualité du vin. Pour Viavoice, les médailles “restent un gage de qualité dans le choix d’un vin” et pour Michel Bernard “cela démontre que nos concours ne délivrent pas des récompenses de pacotille”.
Enfin, 61 % des personnes interrogées jugent acceptable de payer plus cher un vin récompensé.
Il y a un point négatif qu’il faut tout de même prendre en compte : 64% des personnes interrogées avouent ne pas connaitre précisément la différence entre les typologies de médailles.
Le Parisien, Léger, branché, écolo… comment le cidre est sorti de sa campagne, 20/04/2022
En peu de temps, la manière de produire du cidre et l’image de cette boisson ont radicalement changé. De plus, comme l’explique l’article, de nombreux producteurs de cidre connaissent une croissance annuelle à deux chiffres.
La preuve : le seul lycée agricole de France formant les futurs professionnels du secteur compte près de 50 élèves par promotion et en refuse tous les ans alors que par le passé les promotions ne dépassaient pas les 10 élèves.
Dominique Hutin, expert en cidrologie, explique que le cidre est monté en gamme et qu’ “avec les appellations d’origine, le niveau d’exigence s’est considérablement élevé”. La filière cidricole reprend d’ailleurs certains codes du vin. On parle ainsi du développement du “cidrotourisme”, il existe désormais des cavistes qui proposent jusqu’à 40 références et des bars à cidre ont ouvert à Paris. L’article affirme même que des consommateurs “sont désormais prêts à débourser 15 euros pour une bouteille, notamment des cidres de garde qui peuvent dater de quatre, cinq ou dix ans”
Du côté des ventes, sur les 900 000 hectolitres produits annuellement en France par environ 800 producteurs, la part des bouteilles vendues en grande distribution diminue sensiblement.
Enfin, dernier point positif, le cidre est produit de manière écologique car “il n’impose pas de monoculture, puisqu’on peut laisser vivre l’herbe et les animaux autour des vergers et surtout il est très peu énergivore”.
Bref, l’avenir de la filière cidricole s’annonce prometteur.
Financial Times, What’s the alternative to Russian vodka?, 20/04/2022
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les bars et les détaillants retirent des marques de vodka russes de leur étals ou de leurs cartes.
Par ailleurs, certaines marques de vodka, cherchent à prendre leurs distances par rapport à leur passé russe autrefois glorifié : Stolichnaya – qui est fabriquée en Lettonie par le milliardaire russe en exil Yuri Shefler – s’est rapidement rebaptisée Stoli pour se distinguer de la vodka russe du même nom. Smirnoff a pris la peine de souligner qu’elle n’est plus fabriquée en Russie depuis le début des années 1900.
A l’inverse, les vodkas fabriquées en Ukraine ont suscité un intérêt soudain. La vodka Dima’s – autrefois une marque peu connue de la banlieue de Kiev – a vu ses ventes quadrupler au Royaume-Uni depuis janvier.
L’article rappelle par ailleurs que les véritables origines de la vodka restent obscures. Le nom lui-même est un diminutif du mot russe “voda”, qui signifie eau, mais il était à l’origine utilisé pour décrire des teintures à base de plantes plutôt qu’un alcool distillé à partir de blé ou de seigle. La première mention écrite d’une boisson appelée vodka se trouve dans un document de la cour polonaise daté de 1405. De leur côté les historiens soviétiques ont affirmé qu’elle était fabriquée par les moines du Kremlin au 15e siècle.