Eat’s Business #53
Dans ce nouvel épisode de Eat’s Business, la revue de presse du Business de la Bouffe, Olivier Frey et Daniel Coutinho reviennent sur les actualités food de la semaine. Aujourd’hui nous parlons de l’Indonésie qui met le marché des huiles végétales sous tensions, de substitution d’huile et de céréales au jus d’orange.
Nous parlons également du cacao qui fait face à d’immenses défis, des trous de gruyère, des ventes de vins qui rebondissent et d’une ville allemande qui bloque le prix de la bière.
Le Figaro, L’Indonésie met le marché des huiles végétales sous tension, 28/04/2022
L’Indonésie, premier producteur mondial d’huile de palme (le pays représente deux tiers de la production mondiale) a exporté pas moins de 34,2 millions de tonnes d’huile de palme en 2021.
Mais, comme nous le mentionnions la semaine dernière, le pays a décidé de suspendre toutes les exportations de cet oléagineux. Alors que l’approvisionnement en huile de tournesol est déjà sous tension un peu partout dans le monde à cause de la guerre en Ukraine, voilà un autre ingrédient phare qui va se retrouver à son tour sous tension sur les marchés mondiaux. De nombreux pays se sont en effet rabattus sur l’huile de palme, ou sur l’huile de soja, pour remplacer l’huile de tournesol.
Pourquoi une telle décision? Tout simplement parce que l’Indonésie fait face depuis plusieurs mois à une flambée des prix de l’huile de cuisson à base d’huile de palme sur son marché intérieur. Cela s’explique par le fait que les producteurs indonésiens préfèrent écouler leur production à l’international pour profiter de la hausse des cours.
Par conséquent, le président Joko Widodo redoutant des tensions sociales dans son pays a pris cette mesure pour une période qui “durera jusqu’à ce que les prix de l’huile de cuisson, aujourd’hui proches de 20 000 roupies (1,31 euro) le litre, tombent à 14 000 roupies”.
L’Usine Nouvelle, Trois questions pour comprendre la dérogation d’étiquetage obtenue par les industriels voulant substituer l’huile de tournesol, 26/04/2022
Face aux difficultés d’approvisionnement en huile de tournesol suite à la guerre en Ukraine, de nombreux industriels de l’agroalimentaire doivent revoir leurs recettes afin de remplacer l’huile de tournesol par une autre huile comme de l’huile de colza ou de l’huile de palme. Les industriels ont au préalable demandé à ce que la réglementation sur l’étiquetage des produits alimentaires soit assouplie. Ils ont été entendus par la DGCCRF qui les autorise à modifier leurs recettes sans modifier l’étiquette. Ils devront toutefois faire une demande de dérogation à la DGCCRF.
Or selon le règlement européen n°1169/2011, les industriels ont l’obligation d’indiquer la liste des ingrédients « par ordre d’importance pondérale décroissante (y compris les additifs et les arômes) ». Toutefois, si un changement de recette peut se faire assez rapidement, changer les étiquettes présentes sur les emballages prend plus de temps. Comme l’explique l’article, “il peut s’écouler entre deux et trois mois entre la commande d’un nouvel étiquetage et son arrivée dans les usines”.
Business Insider, Tropicana creates limited-edition cereal designed to be eaten with orange juice poured over it instead of milk, 30/04/2022
Tropicana va lancer des céréales spécialement conçues pour être mélangée à du jus d’orange. Nommées Tropical Crunch, elles comprennent des amandes au miel qui sont faites pour être “noyées dans du JO (jus d’orange)” plutôt que dans du lait.
Tropicana affirme en effet que, selon une enquête récente, 15 millions d’Américains versent du jus d’orange plutôt que du lait sur leur céréales.
La Croix, En Côte d’Ivoire, l’immense défi du cacao durable, 02/05/2022
La Côte d’Ivoire est premier producteur mondial de cacao, avec 2 millions de tonnes par an. Le cacao fait vivre 5 à 6 millions de personnes, soit un cinquième de la population. Par ailleurs, le pays exporte les deux tiers de sa production vers l’Union européenne et Toutefois, comme l’explique l’article, l’UE devrait adopter vers fin 2023/début 2024 un règlement interdisant l’importation de produits issus de la déforestation, comme le café, le soja, le boeuf, l’huile de palme, le bois et le cacao.
Evidemment la Côte d’Ivoire sera concernée par cette décision. En effet, le pays a perdu près de 90 % de son couvert forestier en soixante ans, selon le gouvernement. En 2017, malgré l’initiative Cacao et Forêts entre les chocolatiers et les pays producteurs, l’ONG américaine Mighty Earth a révélé dans une étude que les grandes entreprises du chocolat continuaient à s’approvisionner dans des zones classées.
Le temps presse donc pour les exportateurs ivoiriens de cacao car dans deux ans ils devront être en capacité de prouver que leur marchandise n’est pas issue de la déforestation et il leur faut donc investir dans des logiciels de géolocalisation des parcelles. Se pose donc la question de qui va supporter le coût de cette traçabilité.
L’une des solutions pour améliorer les choses serait selon certains experts de développer l’agroforesterie. Cette dernière consiste à introduire une quarantaine d’arbres par hectare d’au moins cinq variétés, ce qui permet au sol de retrouver sa richesse. Ainsi, comme l’explique Hyacinthe Oulaye, agronome de la coopérative Ekakoog, « il pleut abondamment, les feuilles enrichissent le sol, et les cacaoyers vivent 30 à 40 ans, au lieu de 15 ans en monoculture ». Cela permet également aux producteurs d’avoir des revenus complémentaires avec par exemple les orangers et les avocatiers qui sont plantés sous les cacaoyers. Toutefois, d’après une étude réalisée par le cabinet Horus il faudrait doubler le prix de la tonne de cacao pour permettre une transition agroforestière.
RTL, Alimentation : pourquoi les trous dans le Gruyère sont en voie de disparition, 03/05/2022
Vous aussi vous vous demandiez pourquoi il y a moins de trous qu’avant dans le gruyère? Figurez-vous que des Suisses se sont posés la même question et ont donc examiné des meules d’Emmental au rayon X.
Suite à cela, ils ont découvert les trous présents dans le fromage, étaient en fait liés à la présence de minuscules particules de foin qui se retrouvent accidentellement dans le lait des vaches au moment de leur traite. Ainsi, lorsque le fromage est affiné, les bactéries responsables de la fermentation libèrent du CO2 et ces particules de gaz viennent s’agglutiner sur les microparticules de foin. Elles grossissent ensuite à la manière des bulles de chewing-gum mais restent coincées dans le fromage et ne peuvent pas exploser.
Par conséquent, comme la traite à la main est de moins en moins pratiquée et a été remplacée par la traite mécanique, il n’y a plus moyen pour les microparticules de foin qui se baladent dans l’air de venir se glisser dans le lait. Et donc il y a moins de trous.
Les Échos, Les ventes de vin rebondissent dans le monde, 28/04/2022
Après une année 2020 compliquée à cause de la pandémie, les exportations de vins ont atteint « un plus haut niveau historique » en 2021 selon l’Organisation internationale du vin (OIV). Elles ont augmenté de 4 % en volume et de 16 % en valeur et, comme l’affirme Pau Roca, le directeur général de l’OIV, « jamais encore on n’avait connu de telles croissances ». Cela s’explique évidemment par la levée des restrictions sanitaires dans les différents pays du globe mais également par la fin des taxes Trump sur une partie des vins européens.
Dans le détail, les ventes de vins effervescents ont réalisé une belle performance avec +22 % en volume et +30 % en valeur. Le vin en vrac a par contre baissé en valeur (-5 %). Au niveau de l’origine, ce sont les vins français qui ont vu leurs prix le plus augmenter (+27 %), contre +10 % pour les vins espagnols et +13 % pour les vins italiens.
Au niveau de la consommation, les Américains sont les plus gros consommateurs de de vin au monde depuis 2018, devant la France et l’Italie. Toutefois, en termes de consommation par habitant, c’est toujours le Portugal qui est en tête. En revanche, la demande chinoise, continue de reculer avec -15% en 2021.
Au niveau de la production, l’Italie, la France et l’Espagne représentent la moitié de la production mondiale contre 59 % en 2020. L’Italie arrive en tête avec 50,2 millions d’hectolitres devant la France (37,6 millions d‘hectolitres) et l’Espagne à (35,3 millions d‘hectolitres).
Autre point intéressant : aux Etats-Unis, les ventes de vin en ligne ont bondi de 131 % en 2021 et représentent désormais 35 % des volumes.
Capital, Une ville allemande sort le chéquier pour bloquer le prix de la bière, 02/05/2022
On ne rigole pas avec la bière en Allemagne.
La preuve, la petite ville de Schwäbisch Hall vient de décider d’encadrer le prix de la bière.
Concrètement, le client paiera deux euros au maximum sa pinte et si le bar en demande plus, la ville comblera la différence grâce au fonds pour la revitalisation du centre-ville.