Eat’s Business spécial été
Dans ce nouvel épisode de Eat’s Business, la revue de presse du Business de la Bouffe, Olivier Frey et Daniel Coutinho reviennent sur les actualités les plus marquantes de l’été. Entre autre, la guerre déclarée par Poutine au Champagne français, Carrefour qui concrétise une alliance avec la start-up Cajoo et les investisseurs qui misent sur le Foie gras artificiel.
Dans cet épisode, sont aussi évoqués l’apparition d’un label nutritionnel sur les bouteilles de vin, la vente, entre autres, de Tropicana à PAI partners, d’une start up qui lève de nouveaux fonds pour des secondes peau de fruits et légumes et enfin nous parlerons du phénomène O’tacos.
La guerre du champagne
Les Echos, Poutine sème le trouble sur le marché russe du champagne, 04/07/2021
Dans la catégorie gastrodiplomatie, voici cette fois-ci le champagne.
Le président russe Vladimir Poutine vient en effet de signer une loi qui semble vouloir réserver l’appellation “champagne” (champanskoïé) aux seuls vins pétillants russes. Evidemment cela implique que les champagnes français vont devoir modifier leur étiquetage pour s’identifier en tant que “vins pétillants” (igristoïé). D’ailleurs, comme l’explique Ouest France, la loi va plus loin que le seul champagne car elle vise “les dispositions réglementaires et normes relatives à la production de vin et visant à développer la viticulture russe”. Ouest France précise toutefois que le terme “champagne” pourra toujours être écrit en caractères latins car l’obligation d’appliquer le terme “vin pétillant” ne s’applique que pour l’alphabet cyrillique.
On apprend également que les russes produisent du champagne, enfin disons plutôt du “rossiiskoïé champanskoïé”, depuis les années 1920.
Les conséquences seront-elles importantes pour les producteurs de champagne français? Pas vraiment. Courrier International précise que la Russie importe près de 50 millions de litres de vin pétillant et de champagne par an. Parmi ces importations, le champagne français représente 13 % du total. Selon Ouest France, le champagne est très cher en Russie et est donc principalement consommé par quelques riches russes. De plus, la Russie n’arrive qu’en quinzième position des pays importateurs de champagne et ne représente qu’un peu plus de 1 % du total des bouteilles exportées (soit l’équivalent de 1,9 million de bouteilles exportées en Russie en 2020).
Label nutritionnel pour le vin
Vitisphère, Un label nutritionnel et un QR Code pour les ingrédients sur les bouteilles de vin dès 2024, 06/07/2021
Bruxelles a décidé la mise en place d’un étiquetage nutritionnel pour le vin ainsi que d’une liste dématérialisée des ingrédients définie par la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC 2023-2027).
Comme l’explique l’eurodéputé languedocien Éric Andrieu, négociateur pour le Parlement européen de l’Organisation Commune de Marché vitivinicole (OCM vin), « On va indiquer sur l’étiquette le côté calorique par un symbole : E, pour énergie, avec un numéro indiquant le niveau calorique. Le label est encore à développer. Il y aura un QR Code pour un accès [par smartphone] au site de l’opérateur indiquant le contenu énergétique de la bouteille et en donnant les ingrédients (hors allergènes) ».
Le foie gras artificiel
New York Times, Investors Bet on Foie Gras Grown From Cells in a Lab, 17/07/2021
La startup française Gourmey, spécialisée notamment dans la production de faux foie gras à partir de cellule souche, vient de réussir une levée de fonds de 10 millions d’euros. Avec cette levée l’entreprise espère notamment trouver un marché aux États-Unis dans un contexte de préoccupations croissantes concernant la cruauté envers les animaux.
L’article rappelle qu’en 2019, le conseil municipal de New York a adopté une loi qui interdira la vente de foie gras dans la ville à partir de l’année prochaine, rejoignant ainsi la Californie. De plus, des pays comme la Grande-Bretagne, la Finlande, Israël et la Norvège ont également interdit la production de foie gras.
Selon Nicolas Morin-Forest, cofondateur et directeur général de Gourmey, la production de foie gras à partir de cellules cultivées est un moyen de préserver une tradition culinaire française vieille de plusieurs siècles. Selon lui, “il y a un marché énorme pour une alternative qui va bien au-delà des végétaliens et des végétariens”. Il précise également que “plein de gens ne sont pas végétaliens ou végétariens, mais ne sont toujours pas à l’aise de manger du foie gras à cause de la façon dont il est produit”. Pour fabriquer son faux foie gras, l’entreprise utilise des cellules d’un œuf de canard fraîchement pondu qui sont placées dans un cultivateur. Elles y sont ensuite nourries de protéines, d’acides aminés et de sucre, semblables aux nutriments qu’un canard obtiendrait d’un régime à base d’avoine, de maïs et d’herbe. Les cellules sont ensuite récoltées et transformées en faux foie gras.
Reste un obstacle de taille : le coût. Selon Nicolas Morin-Forest, le foie gras cultivé en laboratoire par Gourmey coûte aux alentours de 1 000 € le kilo.
Carrefour investit dans Cajoo
LSA, Carrefour va investir dans Cajoo, spécialiste de la livraison express, 28/07/2021
Pas une semaine sans une information sur le Q-commerce. Cette fois-ci c’est Carrefour qui fait la Une avec l’annonce le 28 juillet d’une prise de participation minoritaire dans la startup française Cajoo.
Selon Elodie Perthuisot, directrice exécutive e-commerce, data et transformation digitale chez Carrefour, cet investissement représente “une nouvelle étape dans la feuille de route digitale du Groupe”. Comme elle le précise, “le quick-commerce est une tendance de fond, née pendant le confinement, et désormais de plus en plus ancrée dans les habitudes des consommateurs, sur toutes nos géographies”. Ainsi, “Carrefour s’associe à cette nouvelle tendance et explore avec Cajoo toutes les pistes stratégiques pour créer de la valeur sur ce nouveau segment prometteur”.
Vente de tropicana à PAI partners
Le Figaro, PepsiCo cède 61% de Tropicana à PAI Partners, 03/08/2021
C’est l’un des gros deals de l’été. Pepsico a en effet décidé de monter une joint venture avec le fonds PAI Partners (61% détenu par PAI et 39% par Pepsico). Lors de cette opération, PAI investira 3,3 milliards de dollars pour prendre le contrôle de plusieurs marques de jus de fruits de Pepsico, notamment Tropicana ainsi que la marque de smoothies Naked.
Pour Pepsico l’opération consiste à se séparer de marques qui appartiennent à une catégorie à croissance plutôt faible et qui ne répondent plus forcément aux demandes de produits sains. Il y a, en effet, beaucoup de sucre naturel dans les jus de fruits, même s’ils contiennent également des vitamines et des fibres. Les grandes multinationales cherchent désormais toutes à réduire le nombre de leurs produits les plus sucrés car les jeunes consommateurs optent de plus en plus pour des alternatives plus saines ou moins caloriques.
La seconde peau pour des fruits et légumes
Foodbev, Apeel Sciences raises $250m in Series E funding, 19/08/2021
Encore une belle levée de fonds pour une des licornes de la FoodTech.
La startup américaine Apeel Sciences contribue pleinement à la lutte contre le gaspillage alimentaire. Elle propose en effet une solution d’origine végétale pour ajouter une sorte de petite “peau” supplémentaire à la surface des fruits et légumes. Ainsi, les produits protégés par cet enrobage comestible se conservent beaucoup plus longtemps et sans avoir besoin de réfrigération.
Grâce à cette nouvelle levée de fonds de 250 millions de dollars, Appel est désormais valorisée 2 milliards de dollars. James Rogers le PDG d’Apeel, a déclaré : “Nous utiliserons notre dernier financement pour aider nos partenaires fournisseurs et détaillants à offrir une expérience différenciée à leurs acheteurs : des produits de haute qualité qui ont moins de chances d’être gaspillés à la maison”.
Le phénomène O’tacos
Le Point, Hypercalorique, 100 % halal, adulé par les ados… le phénomène O’Tacos, 06/08/2021
Parce que Eat’s Business se doit de parler de toutes les formes d’alimentation, je vous propose un article complet sur un phénomène français de la junk food : la chaîne O’Tacos. Fondée en 2010, elle compte désormais 281 restaurants, dont 50 à l’étranger. Son chiffre d’affaires (toutes franchises cumulées) s’est élevé à 190 millions d’euros en 2020.
Le crédo de O‘Tacos : des sandwichs à composer soi-même à partir d’une gamme de 42 ingrédients ultratransformés (nuggets, cordon-bleu, merguez, Vache qui rit, ketchup…). Résultat : les sandwichs de chez O’Tacos contiennent en moyenne 1 500 calories (le Big Mac de McDonald’s contient 504 calories).
Et grâce à une présence très agressive sur les réseaux sociaux, O’Tacos est un succès auprès des jeunes. L’enseigne compte par exemple plus de followers sur Instagram que McDonald’s France.
Si, comme le résume l’article, “le tacos est le nouveau kebab”, pour Véronique Pardo, anthropologue et coordinatrice de l’enquête AlimAdos, “aller manger un tacos, même seul, est une manière d’être reconnu par ses pairs. De dire qu’on fait partie du groupe”.