Eat’s Business #50
Dans ce nouvel épisode de Eat’s Business, la revue de presse du Business de la Bouffe, Olivier Frey et Daniel Coutinho reviennent sur les actualités food de la semaine. Aujourd’hui on parle de l’alliance entre 2MX et InVivo Retail, des récentes contaminations à la salmonelle dans l’agroalimentaire et des restaurants qui ouvrent dans le Metaverse
On parle également de la filière du pruneau qui est en danger suite à la vague de froid de la semaine dernière, et on finit avec le Financial Times qui nous apprend comment vendre les vins du nouveau monde aux Français.
LSA, InVivo Retail s’allie à 2MX Organic pour dynamiser ses différentes enseignes, 31/03/2022 + Le Figaro, InVivo Retail s’allie à 2MX pour entrer en Bourse, 31/03/2022
On apprend que 2MX Organic, le SPAC (véhicule financier coté en bourse pour lever des fonds) créé par Moez Zouari, Xavier Niel et Matthieu Pigasse vient d’annoncer son association avec le groupe coopératif InVivo afin “de constituer un leader européen de la distribution durable, alternative et responsable”.
L’opération a pour but de développer les enseignes d’InVivo Retail, qui représentent à l’heure actuelle 1 600 magasins, dont 220 détenus en propre, pour un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros dans la jardinerie (Gamm vert, Jardiland, Delbard et Jardineries du Terroir), la distribution alimentaire (Frais d’Ici, Bio&Co) et l’animalerie Noa. Une fois l’opération finalisée, 2MX Organic intègrera les activités d’InVivo Retail et InVivo sera actionnaire majoritaire dans la nouvelle structure avec une participation minimum de 60%.
Cette alliance repose sur quatre piliers :
- la consolidation de la place de leader d’Invivo sur le marché du jardinage,
- l’accélération du développement sur le marché de l’animalerie en élargissant l’offre de produits et de formats,
- une transformation digitale complémentaire de l’offre e-commerce,
- le développement des activités alimentaires via le lancement d’un nouveau concept de magasins adossé aux jardineries, qui s’appellera Le Grand Marché – Frais d’Ici
Chaque magasin Le Grand Marché – Frais d’Ici aura une surface de 600 à 1500 m2. Les deux partenaires visent l’ouverture de 100 magasins et 2MX Organic veut que l’alimentaire (qui représente actuellement 10 % des ventes d’InVivo Retail) pèse d’ici cinq ans aussi lourd que la jardinerie. Cette ambition sera financée notamment par les 300 millions d’euros qui ont d’ores et déjà été levés par 2 MX Organic et, si besoin, par la capacité d’emprunter 1,5 milliard d’euros supplémentaire dont dispose le SPAC.
Les Échos, E. coli, salmonelles, listeria… la série noire de l’agroalimentaire, 07/04/2022 + Le Figaro, «Le risque zéro n’existe pas» : éviter la défaillance sanitaire, un défi pour les industriels de l’agroalimentaire, 06/04/2022
Ces derniers jours, les annonces concernant des problèmes sanitaires dans l’agroalimentaire se sont enchaînées. Entre la fermeture d’une usine Buitoni (filiale de Nestlé) dans le Nord suite à l’intoxication de dizaines d’enfants, le retrait de “tonnes de Kinder” des rayons ou encore des listeria trouvés dans un fromage au lait cru produit par Graindorge (filiale de Lactalis).
Dans les faits, les produits et les bactéries incriminées sont différentes. Ainsi, “les salmonelles provoquent diarrhées et maux de tête, rarement des décès” alors que “l’E. coli peut, lui, laisser des séquelles graves”. Concernant la listériose, on dénombre “quelques centaines de cas par an en France” mais “une fois déclarée, elle peut être meurtrière”.
S’il n’y a pas de lien avéré entre ces différentes affaires, c’est leur enchaînement et le traitement médiatique qui en a découlé qui a “un effet désastreux sur l’opinion publique”. Par ailleurs, “le coût pour les entreprises est énorme en termes d’image” et . “les rappels de produits peuvent vite atteindre des sommes substantielles”. Dans le cas de Buitoni c’est l’image du leader mondial de l’alimentation qui en prend un coup. En effet, l’usine Buitoni a été fermée après « deux inspections d’hygiène approfondies » de la DGCCRF.
Comme l’explique Jean-Philippe Capitain, ingénieur conseil en maîtrise des risques sanitaires et amélioration des performances et qualité en agroalimentaire, « l’ensemble des usines d’agroalimentaire doivent respecter des prérequis en termes d’hygiène”, auxquels s’ajoute un guide des bonnes pratiques de fabrication et d’hygiène spécifique à chaque profession. Si les usines sont soumises à un protocole stricte, Jean-Philippe Capitain précise que les autorités sanitaires “n’ont pas beaucoup de moyens” et que “un contrôle est réalisé environ 1 fois par an, surtout au sein des grosses usines”. Néanmoins, les entreprises réalisent également des contrôles car, comme le précise Audrey Rey, consultante spécialisée dans la réglementation agroalimentaire et associée au sein d’Axel Groupe, “ces dernières années, il y a une prise de conscience. Les entreprises d’agroalimentaire effectuent de plus en plus d’analyses car les directions ont très peur des scandales alimentaires”. Bref, en agroalimentaire comme partout ailleurs “le risque zéro n’existe pas”.
Le Monde, Bactérie E. coli : comment des pizzas Buitoni ont été débusquées par les autorités sanitaires, 01/04/2022
Un article qui explique les différentes étapes qui ont mené à la découverte de la source des intoxications alimentaires récentes.
Tout d’abord, les autorités ont indiqué qu’il s’agit d’une épidémie très inhabituelle d’infections alimentaires, des syndromes hémolytiques et urémiques (SHU), qui sévit en France métropolitaine depuis le début de l’année. Chez l’enfant, ce syndrome est le plus souvent dû à une bactérie Escherichia coli.
L’article explique que cette épidémie est atypique pour au moins trois raisons :
- la saison car les contaminations recensées « dépassent largement le nombre habituellement observé de SHU pédiatriques en hiver » .
- l’âge des patients touchés car « habituellement, ce sont les enfants de moins de 3 ans qui sont les plus fréquemment touchés » alors que dans ce cas précis, les enfants malades sont âgés de 1 à 18 ans et leur âge médian est de 7 ans
- elle provient de des pizzas contaminées alors que, le plus souvent, les aliments en cause dans les SHU sont des steaks hachés ou des fromages au lait cru.
Pour trouver le lien entre les différents malades, les enquêteurs ont utilisé les cartes de fidélité que proposent les enseignes de distribution. Comme l’explique François-Xavier Weill, responsable de l’unité bactéries pathogènes entériques de l’Institut Pasteur, “en 2011, ce système de traçage avait déjà permis de remonter à des graines germées, responsable d’une épidémie de SHU qui avait fait plus de 50 morts en Allemagne”. Par la suite, c’est un test ADN effectuée sur une pizza Fraîch’Up présente dans le congélateur d’une famille touchée et encore non déballée qui a permis de découvrir des bactéries E. coli dans la pâte. Enfin, le génome de la bactérie trouvée dans cette pizza a été séquencé, puis comparé au génome des bactéries prélevées chez les patients. Toutefois, comme l’affirme Nestlé France, “ à ce jour, la provenance de la bactérie présente dans la pizza Fraîch’Up reste indéterminée”.
The Wall Street Journal, Restaurants’ Virtual Stores Test Consumers’ Appetite for Metaverse Marketing, 05/04/2022
Les chaînes de fast food Wendy’s et Chipotle testent de nouvelles expériences dans des mondes virtuels.
Wendy’s a ainsi ouvert un restaurant virtuel dans Horizon Worlds, le jeu de réalité virtuelle de Meta (la maison mère de Facebook). Les visiteurs ne peuvent pas y acheter de nourriture, virtuelle ou autre, mais ils peuvent jouer à un jeu sur le thème du basket-ball situé près du restaurant. Wendy’s indique qu’elle suivra des mesures d’engagement, telles que le nombre de personnes qui visitent le restaurant virtuel ou qui en parlent sur les médias sociaux, et le nombre de personnes qui interagissent avec son application pour commander de la nourriture.
De son côté, Chipotle vient de lancer un nouveau restaurant virtuel dans Roblox qui imite l’emplacement original de l’entreprise à Denver. En parallèle, les membres du programme de fidélité de Chipotle peuvent échanger leurs points de récompense contre des cartes-cadeaux Roblox sur l’application ou le site Web de Chipotle. De plus, Chipotle proposera un burrito que l’on pourra commander dans son application et qui comprendra des ingrédients choisis par les utilisateurs de Roblox et d’autres personnes dans un sondage Twitter. La démarche des chaînes de restauration rapide intervient alors qu’une série de spécialistes du marketing testent des stratégies pour attirer et fidéliser les clients dans les mondes virtuels.
Le Figaro, La filière du pruneau d’Agen craint une vague de faillites, 07/04/2022
La France est le troisième producteur mondial de pruneaux derrière le Chili et les États-Unis. Néanmoins, avec des températures qui sont descendues jusqu’à -7 degrés, l’épisode de gel qui a touché le sud-ouest de la France début avril a fortement impacté la filière du pruneau.
Nicolas Mortemousque, le président du Bureau national interprofessionnel du pruneau (BIP), explique ainsi que la filière a perdu “au minimum 80% de la récolte”. Par ailleurs, il affirme que “si des mesures très fortes ne sont pas prises, 50% des 1000 pruniculteurs vont déposer le bilan”.
L’article rappelle qu’en 2020, ce sont 37 765 tonnes de pruneaux qui avaient été récoltées, et plus d’un tiers de la récolte qui a avait été exporté, notamment vers l’Espagne, l’Italie, la Grèce, l’Algérie et la Chine. En 2021, la production avait déjà fortement chutée, à 16 400 tonnes. Cette année, elle ne devrait pas dépasser 9 000 tonnes selon l’interprofession.
Financial Times, How to sell New World wines to the French, 02/04/2022
Un article qui part d’un postulat : si dans les 3 grands pays producteurs mondiaux de vin (France, Italie et Espagne), il est facile de commander du vin directement auprès des établissements vinicoles du pays et à des prix plutôt attractifs, le choix est par contre pratiquement limité aux producteurs nationaux et il est difficile de profiter de la gamme élargie de vins disponibles au niveau global.
L’auteur de l’article pointe d’ailleurs le fait que “en dehors des chaînes d’approvisionnement des supermarchés, il n’existe pas de système de distribution national, même pour le vin français – juste un réseau extrêmement fragmenté de petits grossistes avec leurs propres portefeuilles et territoires limités”.
L’article s’intéresse ensuite à Gaëtan Turner, qui a été élevé à Melbourne par une mère française et un père australien, et qui est le fondateur de South World Wines, un grossiste en vin qui se trouve à Issy-Les-Moulineaux. South World Wines propose actuellement 300 vins provenant de 50 vignobles de 12 pays, dont la Hongrie, l’Autriche et l’Allemagne, ainsi que 18 des meilleurs producteurs australiens. L’article explique que son grand défi est de convaincre ses clients français, aussi impressionnés soient-ils par les vins, d’accepter les capsules à vis si chères à ses fournisseurs australiens. Gaëtan Turner explique par ailleurs que “South World Wines est une petite entreprise mais elle est en pleine croissance, en grande partie grâce aux sommeliers qui reviennent de l’étranger. Ils ont été à Melbourne, New York et Londres, où ils ont été exposés à des vins non français”.